On va évacuer l'essentiel qui a déjà été dit par toute personne descente qui a la lucidité de conspuer ce délit cinématographique : Oui, il y a de bonnes idées. Oui le concept de faire un star wars cheapos dans le nord de la france c'est cool. Oui, il y a de belles images, des composition et des incrustations qui rendent vraiment bien. Mais au service de quoi ?
Ce film est bête. Profondément bête. Il paraît que ça parle du bien et du mal (apparemment). En tout cas le film force ses personnages à le répéter régulièrement pour qu'on ne l'oublie pas, et même comme ça j'ai du mal à m'en souvenir. Alors oui, je me rend bien compte qu'en bon droitard, Bruno Dumont est un idéaliste qui préfère parler de concepts abstraits plutôt que de la réalité du monde, mais soit. Il y a des films qui n'ont rien à dire sur le fond mais dont on peut apprécier la forme.
Alors la forme ?
Ouch. Nan vraiment, aïe ! Sérieusement, je saigne abondamment, appelez les secours, s'il-vous-plaît, là c'est très grave. Je suis abasourdi qu'un humain se permettre de commettre pareil immondice et je suis doublement outré quand j'apprend que parmi l'humanité des agents du malin ose cautionné l'entreprise. Sachez que si vous appréciez ce crime, vous en êtes complice et ma plainte vous concerne aussi. L'impunité a ses limites.
Il n'y a rien qui va. R.I.E.N. Les dialogues, les personnages, l'intrigue, le ton, le rythme, le son. Tout tombe systématiquement à côté de la plaque. Je passe la misogynie du film qui nous offre deux personnages féminins dont la principale caractéristique est de servir de vide-couille au dégénéré au charisme d'huître qui sert de figure principale de l'intrigue. Après tout, ce n'est qu'un clou rouillé supplémentaire enfoncé dans un cercueil en bois pourri auquel il manque des planches.
J'ai appelé à contrecœur le 17 lorsque les deux guignols insupportables qu'on suit la moitié du film kidnappent un gosse (alors qu'ils étaient sensé le tuer mais on est plus à ça près), suite à quoi le daron/méchant réagit par un truc du style "Zut alors", après quoi on le voit sur un cheval dans un champ où on le force à lire un monologue mal écrit avec un jeu d'acteur atroce, et après il va chez les gens qui ont kidnappé son gosse et il le kidnappe dans l'autre sens… et c'est tout. Voilà à peu de chose près la plus grosse péripétie du film.
Souvenez-vous que des gens cautionne. Des gens utilise leur cinéphilie et leur culture conséquente en la matière (que je ne nie pas) pour défendre un mollard craché dans une vieille flaque. Ok, le film est original, mais tu peux pas réduire une création à son pitch de départ, mon grand. Si c'est raté, c'est raté. Aimer quelque chose que le bon sens méprise ne te donne pas une personnalité intéressante.
Passé le stade de l'énervement face au crime contre l'humanité dont on m'a forcé à être témoin, je ressors quand même avec une certaine fascination devant l'ouvrage. Échouer partout à ce point, c'en est presque scientifique. Je peux pas l'expliquer autrement. En fait, Dumont me fait un peu penser au personnage que joue Camille Cottin. Une extraterrestre (aristocrate, donc probablement également de droite) qui a sincèrement l'air fasciné par les humains et qui leur veut du coup, du bien, même si elle ne les comprend jamais réellement.
Dumont aime les prolos du nord, et saisit la moindre occasion pour les filmer. Mais dès qu'il les fait parler, dès qu'il les fait bouger, dès qu'il tente de dire quelque chose sur eux, il trahit sa vraie nature : Celle d'un blob informe ayant grandit sous l'épaisse couche de glace d'une lune de Saturne et qui tente de se faire passer pour l'un des nôtre.
Spoiler : Il le fait très mal.