Une candide à la ville

Beaucoup de films de Tomotaka Tasaka, notamment de sa période muette, ont disparu, mais il est certain qu'il est loin de faire partie des grands maîtres japonais. Son genre favori semble être le mélodrame, avec un intérêt particulier pour le destin malheureux des jeunes filles de la campagne "montées" à la ville. L'enfant favori de la bonne est sans aucun doute son meilleur film, le plus touchant par sa simplicité et sa pudeur. Il oppose la vie traditionnelle de la campagne, d'où est originaire sa candide héroïne, aux calculs, mépris et snobisme des habitants de la grande ville, tout du moins les bourgeois parmi eux. Ainsi, une relation amicale peut-elle s'établir entre le fils turbulent de l'employeur de la bonne qui est la plus à même de comprendre le besoin de considération qu'il n'obtient pas de ses parents. Les scènes à la campagne, qui s'inscrivent dans la dernière partie du film, sont de loin les plus émouvantes car les mieux écrites et les plus sincères. Très belle performance de Sachiko Hidari, dans ce rôle pas si évident de Bécassine sympathique des années 50.