Très courte intro sur la forme. Le film est esthétiquement très beau, lumière, cadres, composition de plan, mise en scène et montage servent savamment le propos du film, rien à dire c'est de la belle ouvrage (mention spécial au scène de parano de clouzet sah) ceci étant dit place au contenu.


Paul et Nelly filent le parfait amour dans leur bel hôtel du Sud jusqu'au moment où Paul surprend sa femme à regarder des photos avec Martino d'une manière assez tendancieuse.
Dès cet instant le doute envahit l'esprit de Paul alias clouzet qui remet alors en question la fidélité de sa chère Nelly, une Emmanuelle beard plus belle que jamais.


Le spectateur évoluant diegetiquement dans le film au travers du seul regard de paul, nous sommes dans un premier temps sujets au même suspicion que celui ci. Chabrol n'apportera en vérité jamais de réponse clair sur la relation adultère de Nelly car l'importance de sa véracité tombe très vite dans la désuétude face à la profonde et momentané rupture de dialogue qui s'instige dans le couple, les éloignants l'un de l'autre à mesure que la montée de paranoïa de paul s'intensifie.
Ce couple c'est avant tout un couple qui s'aime profondément, mais pas vraiment de manière égale et cela s'exprime notamment au travers d'une forme d’interdépendance à la fois matériel (argent, hôtel) et émotionnelle, qui finira par les consumer. Paul semble être des le début du film de nature anxieuse et cela se traduit par exemple en des prises abusive de somnifère ou de verre de whisky. Une fois avoir surpris Nelly au lac, d'odieuses visions de sa femme commettant parjure sur parjure et vagabondant, saoule, un rouge à lèvre plus que suggestif sur les lèvres, le hantent sans cesse et son comportement en devient obsessionnel.
Il traque sa femme dans chacun de ses gestes n'ayant plus aucune confiance en elle sans être encore détenteur de la sainte vérité de sa tromperie.
La faiblesse de paul et son enfer c'est son amour, sa dépendance à cette femme dont la douceur et la beauté le subjugue des la première scène. ce dont il se rend compte réellement après le lac c'est son incapacité à se séparer de Nelly revenant sans cesse vers elle la queue entre les jambes aussitôt après l'avoir malmené. Paul se sent émasculé et pense être alors incapable de satisfaire sa femme, elle, cette traînée sans tabou ayant tout connu (mais qu'au travers de ses propres névroses). Nelly aime Paul et me semble t-il le trompe uniquement par pulsion et non par insatisfaction sexuelle, se manque de compréhension entre eux et cet amour malsain mais sincère explose dans une étreinte magnifique et du sexe passionné, cependant dans la nuit Nelly se réveille ronger par le remord, les deux semblent prêt à surmonter l'épreuve cependant une musique en demi teinte que l'on entend dans le fond laisse présager le contraire. Lors de la projection du film ou l'on voit les membres de l'hôtel, les images qui paraissent innocentes aux yeux de tous rappellent ses mauvais démons à Paul qui ressombre plus que jamais dans la tourmente. Émasculé il tente pathétiquement de retrouver sa virilité en écrasant sa femme, allant jusqu'à l'humilier publiquement, lui qui accorde tant d'importance au regard des autres passe aujourd'hui pour un fou. Lors d'une énième crise (car oui il y a quelques moments redondant quand même) un dialogue de sourd se met encore en place entre la pauvre Nelly qui ne sait plus quoi dire pour justifier le moindre de ses déplacement et son tortionnaire ne voyant que des mensonges dans ses mots.
Nelly finit par passer aux aveux, sont ils vrais ou est ce une tentative désespérée de donner satisfaction à ce Paul paradoxal qui se mutile psychologiquement ? On ne le saura pas vraiment car Paul dans sa lâcheté se remet à ramper implorant son pardon au lieu de lui poser la question clairement, il reste dans le flou et sa psychose s'élargit désormais à tout homme croisant la route de sa femme, coincée dans l'hôtel comme une princesse est prisonnière du vilain monstre. Dans une de ses crises il en vient à violer sa femme comme pour la punir, il éprouve un épouvantable sentiment de puissance à l'idée de la dominer et de la soumettre à sa volonté alors même qu'il ne fait que la tenir par la peur et la culpabilité. Adepte du yo-yo, après avoir vu un médecin il se convainc de la nymphomanie de sa femme mais plus tard, semblera faire face à ses responsabilités, vis à vis d'elle, et de son propre état psychologique en voulant partir pour l'hôpital. ses visions finissent par se muer en hallucination (du moins c'est à cet instant que le phénomène se concrétise) , se rasant la barbe de nouveau des images de sa femme dévergondé le ronge, s'en est trop, il l’égorge. il n'ose pas regarder le corps, va dans la chambre et voit sa femme encore attachée au lit. Alors, meurtre ou pas meurtre ? Je dirais que oui.
Paul c'est un homme peu confiant, très amoureux qui, doutant de lui même se met à douter des gens qui l'entourent jusqu' au final où sa névrose à un stade ultime le mène à douter de la réalité elle même, il tente de pardonner sans jamais y parvenir se mentant à lui même comme il reproche à sa femme de lui mentir elle qui aura commit une erreur qu'elle regrettera d'elle même amèrement avant d'être détruite par un mari dépendant dont elle dépend elle même, car au fond il est la leur vrai problème, laisser son bonheur entre les mains d'autrui, en somme, ne pas savoir avancer seul.

jeremie13010
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le 22 févr. 2021

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jean kitanovski

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