Paul est propriétaire d'une auberge qui tourne à plein régime. Il vit dans un cadre idyllique, dans le Sud de la France. Il est marié à une femme sculpturale qui l'adore. Bref, Paul devrait être le plus heureux des hommes. Sauf qu'au fil des années, la jalousie va peu à peu s'immiscer dans sa tête, au point de le faire partir en sucette...

"L'Enfer" est un film à la fois sur le couple, et la folie. On commence avec une simple suspicion, qui au fil des mois va se transformer en maladie. On y verra les mécanismes de cet homme possessif, doutant de tout, s'imaginant toujours le pire, franchissant rapidement un point de non-retour.

Chabrol reprend le scénario du célèbre film inachevé de Clouzot, commencé trente ans plus tôt. Mais les thématiques abordées sont intemporelles, et résonnent sans mal encore aujourd'hui. Même si de nos jours on parlerait davantage de perversion narcissique, ou que l'on centrerait plutôt le récit sur la femme, à l'image de "L'Amour et les Forêts".

En tout cas, Chabrol y va de sa patte. La photographie chaleureuse et ensoleillée parait volontairement irréelle, personne n'ose croire que ce cadre peut donner lieu à un cauchemar. Le réalisateur se permet également des effets de style percutant pour dénoter la folie rampante (doubles focales, hallucinations...). Jusqu'à un final étonnant et ambigu.

Question acteurs, outre Mario David dans son dernier rôle, ce sont évidemment François Cluzet et Emmanuelle Béart qui tiennent la vedette (avec en bonus Marc Lavoine en jeune dragueur !). Le couple est excellent, jouant très bien les étapes du rêve qui se brise.

J'avoue avoir ri lors des scènes où le personnage de Cluzet pète les plombs, surtout en public. Son interprétation très théâtrale m'amusant beaucoup. Mais j'ignore quelle était l'intention du réalisateur. Ces scènes étaient-elles tournées au premier degré ? Ou au second pour souligner l'absurdité et la violence des propos du personnage ?

Toujours est-il que "L'Enfer" reste un drame poignant et malheureusement terriblement pertinent.

Redzing
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films de 1994 et Les meilleurs films de Claude Chabrol

Créée

le 5 nov. 2023

Critique lue 13 fois

2 j'aime

Redzing

Écrit par

Critique lue 13 fois

2

D'autres avis sur L'Enfer

L'Enfer
Matrick82
7

Water Cluzet

Dans son "Huis clos" Jean-Paul Sartre nous disait que "L'enfer c'est les autres". Chez Claude Chabrol, ici, c'est un peu le cas. Voici Paul. Paul a des crises d'angoisses qui lui font perdre ses...

le 3 mai 2013

40 j'aime

30

L'Enfer
Lazein
8

Elle

25 ans après l'étape bretonne, j'ai suivi tonton Claude jusqu'à l'un de ces coins du sud de la France où il fait toujours beau et chaud mais débarbouillé de tout accent chantant. Dès le coup d'envoi,...

le 16 févr. 2014

37 j'aime

6

L'Enfer
Velvetman
8

La peur du vide

L’Enfer de Claude Chabrol voit se déliter la réalité, le temps et voit au travers de la jalousie, l’une des plus grandes dérives de l’imagination. La pensée, celle qui est incessante, obsessionnelle,...

le 23 avr. 2021

24 j'aime

2

Du même critique

Athena
Redzing
7

Les Trois Heures du Condé

« Athena » semble avoir divisé son public. Entre ceux qui y ont vu enfin un film français flamboyant à la mise en scène ambitieuse, et ceux qui ont pointé du doigt un film vide de sens, destiné à de...

le 29 sept. 2022

33 j'aime

4

Sisu - De l'or et du sang
Redzing
7

Finnish him !

A travers cette histoire d'orpailleur vagabond harcelé par les Nazis, Jalmari Helander livre un hommage assumé au premier Rambo, dont il reprend la structure narrative. Ici, notre homme est un ancien...

le 29 mai 2023

23 j'aime

3

Le Dernier Mercenaire
Redzing
2

Et pourtant il l'avait prédit...

En 2001, alors qu'il fait la promo de "Replicant", Jean-Claude Van Damme est invité sur un plateau télé français. Il expose, dans un franglais plus ou moins cryptique, les principes de ce qui...

le 30 juil. 2021

18 j'aime

15