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L'Énigme Velázquez
5.9
L'Énigme Velázquez

Documentaire de Stéphane Sorlat (2025)

Ce dernier opus de la trilogie du Pardo, consacrée aux grands maîtres de la peinture espagnole, est un peu trop ronflant et répétitif pour intéresser hors du cercle des passionnés de l’histoire de l’art.

Après « Le mystère Jérôme Bosch » et « L’ombre de Goya », Stéphane Sorlat clôt sa trilogie en s’attaquant à l’œuvre de Velázquez. Le sujet est passionnant, qu’il s’agisse de la virtuosité technique d’un maitre pionnier dans l’art d’illuminer ses sujets ou du regard désabusé d’un artiste sur le pouvoir. Alors qu’il était au service du roi, la société simple et modeste transparaissait en permanence dans l’œuvre du peintre.

Si le sujet est fascinant, son traitement l’est nettement moins. Pourtant, il existait un potentiel de synergie formidable entre le septième art et les peintures du maitre espagnol. Le début du film est à ce titre prometteur, collisionnant extraits de « Pierrot le fou », images de rivière et caméra scrutant minutieusement les textures des toiles de l’artiste. Hélas, le documentaire prend rapidement une forme et une structure classique, très télévisuelle et journalistique. La réalisatrice Isabelle Coixet a beau intervenir pour souligner l’impact de Velázquez sur sa manière de faire du cinéma, le film a de la peine à transcender son sujet. Gros plans sur les peintures, interview d’une personnalité ou d’un spécialiste, lecture de textes en voix off par Vincent Lindon. Certes, les textes sont bien choisis et élégants, mais la structure devient trop répétitive pour ressembler à autre chose qu’un long exposé d’histoire de l’art.

Le plus décevant peut-être, est que là où l’œuvre du peintre respire la subversion, le film se contente d’un regard révérencieux, presque figé. On se dirait plus devant un film promotionnel de l’association des amis du musée que face à une véritable introspection. Dans l’opus précédent, la passion contagieuse du regretté Jean-Claude Carrière, brillant scénariste et écrivain, emportait le spectateur dans une réflexion plus vivante. Elle fait ici cruellement défaut. À qui s’adresse vraiment cette visite guidée premium de ce grand musée madrilène qu’est le Prado ? Probablement aux seuls aficionados de la peinture classique.


el_blasio
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il y a 4 jours

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