Comédie inoffensive qui joue la carte du dépaysement pour mieux confronter son personnage métropolitain à une culture qu’il ne connaît pas et ainsi conforter gentiment les clichés reproduits, L’Enquête corse divertit son heure et demie durant grâce à la qualité de l’interprétation, notamment du duo Reno/Clavier qu’il fait bon de retrouver une fois encore. De plus, le long métrage mobilise de nombreux acteurs corses, dont le plus célèbre est Eric Fraticelli ; ce faisant, il s’attire la bienveillance du public local tout en y puisant des ressources comiques précieuses. L’écriture tire des ficelles usées mais donne lieu à quelques scènes réussies, à l’instar du sauvetage sur la plage qui substitue à la démarche séductrice du mannequin les soubresauts d’un détective au pseudonyme américain qui affiche alors un caleçon fleuri.
Le décalage culturel fonctionne et malmène quelque peu nos attentes : les propos vindicatifs d’un homme ouvrent sur une invitation à partager son repas, les forces de l’ordre adoptent des pratiques similaires à celles des indépendantistes (menaces, kidnappings), les négociations qui s’annoncent musclées se résolvent autour d’un bon verre de liqueur. Cette façon de constamment désamorcer les situations prévues maintient un semblant de surprise au sein d’un divertissement bien mené malgré une réalisation impersonnelle que rattrape la partition musicale énergique d’Alexandre Desplat. Passons outre les reflets de caméra, qu’il serait vain de compter ici ; passons outre l’aspect prévisible de l’intrigue ; laissons-nous emporter par ces aventures non dénuées de charme, déclinaison offerte au cinéma-tourisme de Christian Clavier – lui qui se plaint du crapaud dans la bouteille (Les Bronzés font du ski, 1979), du hérisson servi en guise de repas (À bras ouverts, 2017), des pâtés chinois (Qu’est-ce qu’on a tous fait au Bon Dieu ?, 2021) ou des grosses limaces servies à même le sol (On ne choisit pas sa famille, 2011).