À l’aube de ses seize ans, à l’heure des premiers émois sentimentaux, Manena, fille d’un riche propriétaire terrien obnubilé par l’invasion des carpes dans le lac artificiel qui jouxte sa splendide propriété, vit un été charnière. Entre son enfance et l’adolescence dans laquelle elle entre, porteuse de révoltes et d’opposition à la figure paternelle. Entre son milieu extrêmement privilégié et la communauté des Indiens Mapuches, dont certains des membres sont employés par le père de Manena, tandis que les autres luttent pour la préservation de leurs droits et de leurs terres.

Préférant l’ellipse à l’exposition détaillée des événements, la réalisatrice Marcela Said, qui vient du documentaire, signe un premier film de fiction atmosphérique au charme indéniable pour peu qu’on passe outre à certaines afféteries de mise en scène (photo léchée, confiance démesurée accordée à la photogénie des paysages, à la fois indifférents et menaçants). Aucune scène ne s’inscrit dans la durée, ce qui ne participe pas à la limpidité de la narration, mais contribue cependant à son étrangeté où percent une tension diffuse et une angoisse sourde dont on finit par redouter la concrétisation. Manena, observatrice et partie prenante, se débat dans les eaux troubles des intérêts et des manœuvres des adultes. Plane aussi sur cette société le spectre d’une dictature déchue dont les stigmates ne semblent pas avoir tout à fait disparu.
PatrickBraganti
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le 26 avr. 2014

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