L'Étrange couleur des larmes de ton corps par Zogarok

Ce film a fait fantasmer avant sa sortie et son titre plus encore. Les réalisateurs de Amer (2009) reviennent pour alimenter le néo-giallo qu’ils sont à peu près les seuls à porter aujourd’hui. Entre-temps ils ont seulement participé à ABC of Death, film à sketches infâme mais recelant quelques merveilles, dont leur segment d’une rare sensualité.

L’histoire et son rôle sont minimalistes dans cette Étrange couleur, exercice de style intégral et méritoire. Le spectacle est ultra-référencé, renvoyant à divers gialli bien sûr mais aussi à Tsukamoto, l’auteur de Tetsuo et Bullet Ballet. Le résultat est assez frustrant et demande un abandon inconditionnel sans fournir suffisamment en échange, à moins d’aduler l’Art nouveau.

Amer jouissait d’un univers unique et fort, où il y avait quelque chose à découvrir et approfondir. Ici, peu d’évolution, seulement des déclinaisons. Cattet et Forzani se rapprochent de Beyond the Black Rainbow, avec ce manque de substance compensé par le maniérisme et des lubies aux justifications appuyées et pourtant indistinctes.

C’est brillant, car c’est plutôt beau et recherché ; c’est mitigé, car il y a trop de répétitions dans les motifs, peu d’attaches, peu de sens profond. La succession d’images fortes est susceptible de mettre les sens en éveil mais la tension continue est faible et l’esprit s’évade. Un thriller esthétisant comme Les nuits rouges du bourreau de jade est moins complexe et ambitieux, mais bien plus fort et générateur de plaisir.

http://zogarok.wordpress.com/2014/12/23/letrange-couleur-larmes-de-ton-corps/