Albert DeSalvo est considéré comme un tueur en série et 13 meurtres lui ont été attribué. La puissance des médias- ayant depuis lors fait perdurer cette inexactitude - lui enlève à jamais le droit d'être exonéré de ces assassinats.
Malgré tout, DeSalvo "garde pour lui" le fait d'être un violeur en série et c'est peut-être ça qui lui a valu d'être poignardé à mort dans sa cellule, en 1973...


Ceci dit, seule la dernière victime - Mary Sullivan - a pu être reliée à DeSalvo, par le biais de son ADN (mais quasiment 50 ans plus tard).
Il fut donc condamné pour crimes sexuels (sans compter ceux qu'il a pu commettre durant les 50's dans le New Jersey) et non pas pour les meurtres commis entre 1962 et 1964, dans le Massachusetts.
Aujourd'hui encore, nul ne peut certifier que DeSalvo est vraiment l'Etrangleur de Boston, par manque de preuves.


Qu'à cela ne tienne, en 1968 Albert Henri DeSalvo est coupable aux yeux des médias et de la population.
Donc, le film qui en découle nous l'affirme aussi...


Richard Fleisher met en scène ce thriller sobre et glaçant, d'une manière exceptionnelle.
Le récit nous entraine d'abord sur les découvertes des 12 victimes, plongeant les services de police dans l'expectative: pas de témoin, pas d'empreinte.


Une rafle dans le milieu crimino-sexuel est alors lancée, dans l'espoir de trouver le coupable.
Mais rien n'y fait, malgré une piste très intéressante.


Une fois le dernier cadavre retrouvé, apparait enfin Albert DeSalvo (incarné par un incroyable Tony Curtis, grimé pour l'occasion), au bout d'une heure de projection.
Et nous de faire connaissance avec ce père de famille ouvrier et ne faisant pas de vague.


Fleisher filme un Curtis magnétique mais tout en retenu, qui va tuer sa 13ème victime puis ratera sa tentative suivante.


Frustré de n'avoir pu assouvir ses pulsions, Curtis/DeSalvo - qui choisit ses victimes selon les opportunités qui se présentent - pense avoir trouvé son prochain défouloir,


mais en s'introduisant dans l'appartement de la femme sélectionnée, il tombe sur l'amant de celle-ci


.
Course-poursuite dans les rues


puis arrestation de DeSalvo


.


S'ensuit la dernière partie du film,


Curtis fait face à Peter Fonda (le coordinateur de l'équipe spéciale), où la maestria de Fleisher le dispute avec la composition hallucinante de Curtis, surtout concernant la remémoration d'un des meurtres.
L'on y voit Curtis en gros plan sur fond blanc, en train de mimer l'action avec une sobriété exemplaire


.


A savoir que lorsque Curtis fut proposé par Fleisher, la Fox refusa tout net, arguant que l'acteur ne correspondait nullement au rôle titre.
De fait, Curtis se fit appliquer un maquillage et fit un essai.
N'étant pas reconnaissable de prime abord, la production fut saisi par ce visage et demanda si cet acteur inconnu savait jouer...


Si The Boston Strangler prend le parti d'un DeSalvo coupable (malgré le texte final) via un scénario plus ou moins éloigné d'une certaine réalité, il n'en demeure pas moins l'un des meilleurs films - tout genre confondu - de l'Histoire du Cinéma.


Ce film 3 en 1:


-enquête policière suivant les découvertes des corps,


-présentation et forfait de DeSalvo,


-face à face DeSalvo et Bottomly,


est un modèle d'efficacité inattaquable de nos jours et la dernière partie est


une plongée vertigineuse dans la psyché du personnage, victime du syndrome de multiple personnalité.


Sûrement l'apogée des carrières de Tony Curtis et de Fleisher, ce film est un noir diamant reposant sur un satin d'albâtre...

Franck_Plissken
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le 11 avr. 2017

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The Lizard King

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