"What kind of childhood did you have?" "Short"

L’efficacité à l’état pur. L’Evadé d’Alcatraz c’est un peu le représentant modèle du divertissement de haut vol qui n’oublie jamais de faire du cinéma. Le film ne s’écartera d’ailleurs jamais de ses enjeux et nous plonge directement dans le bain avec l’arrivée de ce prisonnier adepte de la poudre d’escampette qui se retrouve dans cette prison mythique dont aucun évadé n’est jamais sorti vivant. Et je dois dire que le postulat de départ me bottait déjà pas mal car j’aime l’idée du type qui va repousser les limites de son ingéniosité pour tenter l’impossible. Ça fait d’ailleurs écho à ma propre vie quand j’essaie de me lever tous les matins. Et ici on ne sait presque rien du passé de ce personnage principal incarné par Clint Eastwood, ce qui renforce davantage son aura et le rapport spectateur-protagoniste devient finalement très ambigu. On a tendance à vouloir le voir s’en sortir car son fond ne semble pas mauvais bien qu’il s’agisse très certainement d’une crapule de haut niveau. Et le film explicite très peu ces aspects-là, ce qui en fait une vraie force.


Et j’ai trouvé ce personnage de Frank Morris purement jouissif dans l’ensemble avec ses piques lancées aux gardiens et son caractère cynique, ce qui le rend particulièrement attachant. Après je trouve que le film aurait gagné davantage à accentuer cette ambiguïté en rendant les gardiens un peu moins pourris et les autres prisonniers moins lisses, mais ce n’est pas quand même pas trop gênant ici et heureusement. D’autant plus que le film est un véritable modèle de rythme. Les préparatifs de cette évasion sont exposés de façon palpitante, j’ai été passionné par cette histoire et ces personnages qui explorent minutieusement leur environnement pour détecter les failles de cette forteresse dont on ne s’échappe pas. L’écriture d’ensemble est intelligente en dépit de certaines scènes peut-être un peu moins inspirées. Je pense notamment au sort de certains personnages secondaires un peu tirés par les cheveux.


Je pense notamment à la mort du détenu âgé en pleine cafétéria qui est amenée un peu brusquement.


Après ça ne reste que du petit détail.


La mise en scène n’est pas en reste non plus, la séquence de l’évasion étant tendue comme pas permis grâce à son tempo maîtrisé et cette sensation que tout tient sur un fil. Et l’absence de musique lors de cette scène ne fait que doper l’intensité du péril. Ce film est tout simplement prenant, avec des enjeux clairs et un scénario précis mené d’une main de maître. Et je dois dire que la conclusion du film est parfaite, d’autant plus que les derniers éléments connus sur cette affaire ne font que renforcer le mystère autour de cette fameuse évasion. Ces types n’ont jamais été retrouvés et sont peut-être encore vivants aujourd’hui. La vérité ne sera sûrement jamais connue, ce qui rend cette affaire tout bonnement fascinante. Un film vraiment marquant, à l’image du fait divers dont il s’inspire brillamment, je ne m'attendais pas à une telle maîtrise.

Moorhuhn
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le 14 janv. 2016

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