Ah ce Mankiewicz, plus je vois de films de sa part, et plus je le trouve sympathique. Je m'imagine un bonhomme à l'esprit vif et contradictoire, qui, quand il ne remet pas en question l'ordre établi et la société dans laquelle il vit, passe son temps à reluquer les jolies filles, n'ayant de cesse de penser à la façon qu'il aurait de les mettre en valeur Escape n'échappe pas à ce phénomène et fait la part belle à un couple en devenir, dirigé de belle manière. On retrouve avec plaisir le fantomatique Capitaine Gregg (the Ghost and Mrs Muir) pour un rôle bien différent et plus construit qui permet à Rex Harrison de lâcher les chevaux pour montrer l'étendue de son talent, et il sait y faire le bougre. Pour lui donner le change, la jolie Peggy Cummins offre son charme pour contrebalancer le cynisme du premier, avec un rôle qui est à mon sens l'un des points faibles du film.

En effet, si j'ai bien apprécié le pitch de départ et le sujet même de Escape, à savoir une critique acerbe de la justice, et plus précisément de l'injustice, j'ai trouvé que Mankiewicz en faisait un peu trop avec son récurrent personnage au coeur d’artichaut qui va fondre d'amour pour un protagoniste aux principes intangibles et au charme ravageur (faut dire qu'un détenu qui s'échappe et ne tremble pas, ça à la classe !). C'est dommage parce que le film n'avait pas besoin de cette facette trop romantique étant donné que tout le reste est vraiment tempér, la traque est bien menée, l'intro et le contexte finement posés et surtout Harrison est très inspiré et donne à son personnage tout le charisme qu'il lui fallait pour incarner l'homme qui ne courbe jamais l'échine et reste fidèle à son nindo.

On retrouve également dans Escape la présence policière dont l'approche est sensiblement la même que dans Somewhere in the night, incarnée par un policier qui n'en fait pas des tonnes mais au contraire garde son sang froid et sait se montrer arrangeant pour ne pas envenimer la situation. Nuance agréable qui évite au film de tomber dans le piège de la critique à outrance, on a même un passage sur la religion qui est très bien senti. Harrison de passage dans une petite église se lance dans une discussion tantôt cynique, tantôt compatissante sur les hommes d'église, sans tomber dans la facilité.

Joli film, captivant de bout en bout grâce à son acteur principal, une histoire qui rend ce dernier immédiatement sympathique et une fin qui trouve le ton juste. On regrettera juste ce petit côté un peu trop romantico fleur bleue qui, j'en ai un peu peur, je l'avoue, semble faire partie intégrante du cinéma de Mr Mankiewicz. Enfin, ça nous permet de découvrir des jolies filles, on ne va donc pas faire la fine bouche.
oso
7
Écrit par

Créée

le 11 nov. 2014

Critique lue 410 fois

14 j'aime

5 commentaires

oso

Écrit par

Critique lue 410 fois

14
5

D'autres avis sur L'Évadé de Dartmoor

L'Évadé de Dartmoor
Cinephile-doux
6

Cottages et petites églises

Une Série B, soit, mais réalisée par Mankiewicz, ce qui change tout. Cadre original avec cette Angleterre rurale, des cottages, des chasses à cour et des petites églises. Rex Harrison, fugitif,...

le 18 déc. 2016

5 j'aime

L'Évadé de Dartmoor
AMCHI
6

Critique de L'Évadé de Dartmoor par AMCHI

Mankiewicz réalise un film court sur une classique histoire d'évasion de prisonnier. Rien de réellement fabuleux, mais L'Évadé de Dartmoor surprend pour son intensité et son style vif. Pas de temps...

le 30 janv. 2016

3 j'aime

Du même critique

La Mule
oso
5

Le prix du temps

J’avais pourtant envie de la caresser dans le sens du poil cette mule prometteuse, dernier destrier en date du blondinet virtuose de la gâchette qui a su, au fil de sa carrière, prouver qu’il était...

Par

le 26 janv. 2019

81 j'aime

4

Under the Skin
oso
5

RENDEZ-MOI NATASHA !

Tour à tour hypnotique et laborieux, Under the skin est un film qui exige de son spectateur un abandon total, un laisser-aller à l’expérience qui implique de ne pas perdre son temps à chercher...

Par

le 7 déc. 2014

74 j'aime

17

Dersou Ouzala
oso
9

Un coeur de tigre pour une âme vagabonde

Exploiter l’adversité que réserve dame nature aux intrépides aventuriers pensant amadouer le sol de contrées qui leur sont inhospitalières, pour construire l’attachement réciproque qui se construit...

Par

le 14 déc. 2014

58 j'aime

8