Le triste monde de demain
Le monde de demain, post-apocalyptique assurément, ne devrait pas être très drôle mais globalement artificiel, avec une dictature hygiéniste au pouvoir, cela va sans dire. Le cinéma fait son miel...
le 3 mai 2025
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Un ancien monde s'effondre, un nouveau prend place. Dans un futur proche où l'humanité a évidemment fait n'importe quoi avec une Terre désormais revancharde sur la question de sa survie, une élite a décidé de bâtir la société de l'avenir, ultra-contrôlée, à base d'êtres sélectionnés pour leurs aptitudes, optimisés pour être débarrassés de la peur de la mort et chargés d'améliorer perpétuellement ce paradis sous cloche (enfin, dôme en l'occurrence) pendant que ceux qui n'ont pas cette chance ou ne souhaitent pas y adhérer sont laissés à leur sort au-dehors.
Isolés dans leur demeure sur un coin de plage pour parfaire leurs recherches sur les bienfaits à apporter à ce nouveau mode de vie, Mia et Aryaan ont fait la demande de devenir parents aux autorités en place qui n'autorisent les naissances qu'après un examen "rigoureux" des couples candidats. Ainsi, pendant sept jours, les deux prétendants vont recevoir leur examinatrice Virginia au sein de leur foyer, prête à tester leur vocation parentale jusque dans ses derniers retranchements...
Sur le principe, ce premier film de Fleur Fortuné fait évidemment penser à toutes ces œuvres SF plus ou moins dérivées de "Black Mirror" où nos problématiques humaines quotidiennes deviennent le jouet de technologies ou de systèmes futuristes chargés d'en dévoiler les travers par une voie bien plus inattendue que pourrait ne le faire une approche rationnelle. C'est donc ici le choix d'être parent d'un couple qui est mis sous ce microscope SF, par l'intermédiaire de deux êtres à l'entente amoureuse parfaite en apparence et qui se jugent d'eux-mêmes aptes à faire cette demande au régime strict qui les emploie.
Entre leur statut d'êtres sans âge au sein d'un monde qui tente de subsister dans la perdition (ce qui ne peut qu'interroger sur la nécessité de ce choix, peut-être purement égoïste) et le contrôle de capacités parentales laissées au libre-arbitre de la bureaucratie gouvernementale (absurde ou pas, à vous d'en juger), on peut dire que "L'Évaluation" pose un cadre de départ on ne peut plus pertinent autour de sa thématique, prêt à exploser sous le poids de toutes les contradictions qu'il induit durant le décompte des jours de la visite tonitruante de Virginia chez ces postulants.
Dans le genre élément perturbateur de vie de couple, l'évaluatrice va en effet se révéler être un modèle du genre, oscillant d'un comportement d'enfant insupportable à celui d'un parasite particulièrement nuisible à toute relation sentimentale, et cherchant, entre expériences et situations de plus en plus en borderlines, à jouer avec les nerfs de ses proies en vue de mettre en lumière toutes les fragilités de leurs aspirations parentales et de leur propre lien intime qu'ils pensaient pourtant indéfectibles.
Trouvant un savoureux équilibre de tons entre la farce et la gêne la plus confondante, le film ne va cesser de s'amuser à faire le balancier entre les deux conjoints sur les bons points à leur accorder et leurs inévitables défaillances face aux agissements de leur évaluatrice/enfant que rien ne semble pouvoir arrêter.
Peut-être un peu trop attendu sur ce que Virginia va faire voler en éclats comme certitudes chez eux (notamment par les faiblesses du côté masculin), le film arrive néanmoins toujours à rester saisissant par l'imagination tordue dont fait preuve l'évaluatrice pour leur mener la vie dure et peut en plus compter sur l'interprétation tout bonnement exceptionnelle d'Alicia Vikander pour semer le trouble sur les facettes de son personnage, aussi bien du côté du spectateur que chez ses "victimes". Devenue plus rare ces dernières années, l'actrice trouve là un rôle en or, aux côtés des excellents Elizabeth Olsen et Himesh Patel qui plus est, lui offrant toujours une large part d'imprévisibilité et d'ambiguïté dans le trouble qu'elle crée avec maestria chez ce couple à l'écran.
Vraiment bien mené et réalisé au fil de ces jours égrènés jusqu'au bilan final, "L'Évaluation" n'obtient malheureusement pas la plus haute note à cause de certaines phases hélas peut-être trop démonstratives (avions-nous réellement besoin de la mise en scène du dîner pour surligner le background de cet univers ou révéler des non-dits ?) et une dernière partie qui s'éternise trop longtemps pour son propre bien. Dommage, car là encore, son trio de comédiens y livre de très grands moments d'interprétation et les directions pessimistes choisies par leurs personnages auraient pu en faire quelque chose de très fort, au moins autant que leur évaluation.
Mais ce ne sont là que quelques faux-pas dans un premier film aux bourgeons vraiment prometteurs pour l'avenir cinématographique d'une nouvelle Fleur Fortuné.
Créée
le 17 juin 2025
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