Le Lion d'Or gagné par Audrey Diwan à Venise, avec L’Événement, au nez et à la barbe de Jane Campion, Almodovar et Sorrentino, entre autres, en a interloqué plus d'un. Les mêmes ne seront plus étonnés après avoir vu cette adaptation choc du récit autobiographique d'Annie Ernaux. En premier lieu, L’Événement, avec toute sa crudité et quelques scènes proches de l'insoutenable, est là pour se souvenir de temps pas si lointains où un avortement clandestin en France, surtout pour les plus démunies, était une course d'obstacles presque insurmontable où le danger d'y laisser sa peau était égale à la honte et à la culpabilité dans une société rigide et patriarcale. Ceci est mon corps, ce cri solitaire était alors inaudible. Cela, le film le retranscrit avec une force peu commune dans une mise en scène remarquable qui passe de la douceur à la violence sans se départir d'une empathie peu commune pour son héroïne. Plus largement, avec une maîtrise totale, Audrey Diwan nous parle d'une jeunesse sous le boisseau, en quête de liberté, y compris sexuelle, D'un grand réalisme, L’Événement n'est en rien un film qui revendique, il s'agit avant tout de montrer, un peu comme l'avait fait Mungiu dans 4 mois, 3 semaines, 2 jours, avec la même énergie et un talent identique. Pour que le film soit à la hauteur de ses ambitions, il lui fallait une interprète extraordinaire et c'est exactement ce qu'est Anamaria Vartolomei, incroyable de bout en bout, dans la légèreté comme dans la déréliction et la douleur. Ne pas chercher plus loin le film français de l'année, désolé pour Titane, c'est bien de L’Événement qu'il s'agit.
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