Un serial killer sévit à New York,où il assassine des jeunes femmes avec une technique particulière:il leur enfonce un couteau dans le vagin,puis il déplace l'arme vers le haut afin de les éventrer de l'intérieur.Mais ce charmant garçon ne dédaigne pas à l'occasion de varier les plaisirs en utilisant un tesson de bouteille ou une lame de rasoir.Le lieutenant Fred Williams,chargé de l'enquête,est complètement largué et fait appel au psychiatre Paul Davis afin de l'épauler, l'utilisant en quelque sorte comme profiler.Le giallo était un peu à bout de souffle en ce début des eighties,mais ça n'a pas empêché Lucio Fulci,réalisateur et coscénariste du film,de signer un des sommets du genre avec ce polar hardcore shooté à Big Apple et produit par Fabrizio De Angelis,un habitué du bis transalpin.Spécialiste du cinéma d'horreur,Fulci n'y va pas avec le dos de la cuiller et orchestre un sanglant opéra morbide mêlant folie homicide,obsession sexuelle et sadisme déjanté dopé aux effets gore explicites.Parce que là on y va carrément,pas de hors-champ ou de caméra qui se détourne,tout est bien montré dans le détail et il vaut mieux avoir le coeur bien accroché lors de certaines scènes à la limite du soutenable.On avait vu des trucs équivalents dans le ciné horrifique,mais c'était généralement dans un cadre surnaturel,alors qu'ici les situations sont totalement réalistes,ce qui en décuple l'effet dégueulasse.Grand film d'ambiance,"L'éventreur" se sert à merveille du décor glauque et délabré du New York de l'époque,une ville sale,angoissante,insécure,pleine de rôdeurs inquiétants,de voyous décomplexés,de drogués et de maquereaux avides de fric.Tout suinte la violence,la crasse,la débine et le sexe,et la musique stressante de Francesco De Masi,tout comme la superbe photo granuleuse du formidable Luigi Kuveiller,achèvent d'immerger le spectateur dans cette histoire sordide que Fulci mène de main de maître,ne reculant ni devant les atroces meurtres à l'arme blanche ni devant les séquences de baise à la limite du porno.Toute cette atmosphère malsaine infuse au gré des agressions perpétrées aux quatre coins de la cité,du Pont de Brooklyn au ferry de Staten Island,du métro aux ruelles nocturnes mal éclairées,des coulisses d'un peep-show à une salle de cinéma déserte,d'une chambre d'hôtel cradingue aux avenues traversées de néons agressifs.Les meurtres sont savamment mis en scène et prennent le pas sur les investigations des flics qui font du sur-place,tandis que l'influence délétère de la ville semble toucher tout le monde,chacun ayant quelque chose à cacher,y compris le psy qui achète en douce des revues porno gays,ou le flic qui fréquente assidument une prostituée.Une belle bande de coutumiers du bis italien a été réunie,la plupart d'entre eux étant d'une belle efficacité.Si l'Anglais Jack Hedley,très fatigué en policier fourbu,et le bellâtre Andrea Occhipinti,insignifiant en fiancé protecteur,manquent singulièrement de charisme,il n'en va pas de même pour Paolo Malco,très bien en psy pragmatique,et surtout Howard Ross,saisissant en proxénète minable et dangereux.Et puis il y a la magnifique brochette de filles,toutes très jolies,dont le tueur va faire son quatre heures.Almanta Suska,apparaissant au générique sous le nom d'Almanta Keller,qu'on a pu voir au théâtre dans le "Dom Juan" avec Francis Lalanne,est parfaite en jeune première miraculée car étant la seule à avoir échappé au dingo.Une chance que n'auront pas Cinzia De Ponti,Miss Italie 79,émoustillante cycliste énervée,Daniela Doria,adorable en petite pute découpée,Zora Kerova en performeuse de peep-show piégée dans une loge sinistre,ou encore Barbara Cupisti.Mais celle qui emporte l'adhésion est la divine Alexandra Delli Colli en bourgeoise salope qui écume les bas-quartiers à la recherche de sexe crapoteux avec des voyous brutaux.Ses scènes vont très loin et sont d'un érotisme torride.L'actrice a tourné en France dans des comédies Z de Max Pécas ou Richard Balducci et aurait sans doute mérité une carrière plus brillante.