A creuser la veine de l'épouvante, au risque de me répéter, (mais qui lit vraiment toutes mes critiques), la chronologie a vraiment une importance fondamentale, au sens du "toujours plus".
L'éternelle lutte du bien contre le mal
Il faut se demander ce que nous dit Friedkin ici. Nous dit-il vraiment que Dieu existe et donc que Satan / Pazuzu existe et que les deux se livrent un bataille épique à travers les âges et dont l'humanité est le terrain de jeu ? Je ne crois pas. Je pense qu'il veut nous raconter une histoire, métaphore pour nous montrer qu'en chacun de nous (enfants, hommes de foi), il existe toujours ce choix d'aller dans une direction ou une autre, et qu'il y a toujours un espoir. Partir en direction de la lutte divine est un bon moyen de raconter une sacrément bonne histoire (sacrément, vous l'avez ?), mais plus un prétexte et un vecteur de peurs et de fantasmes fantastiques à exploiter.
L'enfant, le diable, l'homme de foi
Avec une bonne histoire et un bon faiseur, difficile de trouver plus concernant (au sens du marketing moderne) que de mixer enfance, possession satanique et mysticisme. On est tous ou presque sensible à la vulnérabilité de l'enfant par un mal invisible mais de plus en plus cerné, tout en étant réputé quasi imbattable. Et ça, les raconteurs d'horreur l'ont bien compris. Avec la psychanalyse de la famille, c'est l'une des thématiques majeures du genre.
Toujours plus
Mais pourquoi ce film demeure dans l'histoire plus que beaucoup ayant utilisé les mêmes ficelles ? Parce que les images sont fortes. Elles sont, au début, pas si nombreuses que cela, très diffuses, et de plus en plus présentes, forcément à la fin, parce que la lutte est à son paroxysme. Et que Friedkin, nous emmène dans un film qui reste grand public tout en proposant des images terriblement effrayantes de cette fille déformée, désarticulée, désincarnée et réincarnée. Et quelques plans délicieusement suggestif de ce qui se passe en Egypte sur le site archéologique. Un deuxième visionnage fait forcément perdre en intensité, puisque l'effet de surprise disparait, mais permet de s'arrêter sur les effets de manche très réussis du réalisateur. Et non seulement les images sont fortes, mais elles avaient rarement été aussi fortes et réussies dans le genre.
Un must see.