Cela faisait un bon bout de temps que je ne l'avais plus vu mais L'exorciste fait partie de ces films d'horreur qui m'avaient marqué, plus jeune. Une nouvelle vision n'a pas fait de tort du tout car elle a non seulement confirmé les qualités que j'avais ressenti les premières fois mais avec de la maturité en plus, j'ai pu me rendre compte de quelques éléments supplémentaires sur le fond. Ca donne pour moi l'un des films d'horreur les plus aboutis du cinéma américain proposant plusieurs pistes de lecture.
Il faut avant tout souligner l'excellente mise en scène de William Friedkin. Il y a tout d'abord une volonté de rendre une ambiance de crainte bien plus que de peur. La chambre, cet endroit qui devient clôt, en deviendrait presque un lieu sacralisé, de culte. Certaines scènes sont à mon sens très bien filmées, notamment la confrontation entre le prêtre et le diable dans le désert irakien, sous fond de combat de chiens. Mais les scènes d'exorcisme sont incroyablement bien foutues aussi.
Comme je le disais en guise d'introduction, l'oeuvre possède plusiers pistes de lectures intéressantes. Avant d'être un combat entre prêtres et le diable, il s'agit avant tout d'une lutte faite contre eux-mêmes pour les hommes de foi. En effet, les deux hommes souffrent d'un mal assez différent mais profond. Karras est en train de perdre la foi, il s'en veut un peu d'avoir laissé sa mère seule et mourir un peu par sa faute. Le diable utilisera cette faiblesse pour tenter de le décontenancer. C'est donc un combat contre lui et contre son sentiment général envers l'église qui est fait. L'autre, Merrin, est très affaibli physiquement. Et il va donc devoir jeter énormément de forces dans la bataille pour pouvoir combattre le diable.
L'oeuvre aborde également une confrontation entre la science et la religion. La science se révèle impuissante face au mal de Regan. D'ailleurs elle utilisera des pratiques dignes de tortures moyenâgeuses, dont l'église a certainement été friande à l'époque et lors de l'Inquisition. Retournement de situation incroyable puisque c'est même la science qui va conseiller à Chris MacNeil de se retourner vers la religion, car c'est vers elle que la solution existera. La lutte finale démontrera d'ailleurs que la foi et la spiritualité l'emportent sur la science et surtout sur toutes les autres méthodes humaines que ce soit la justice (un policier enquêtera sur le meurtre d'un ami de MacNeil) et sur la science. Une oeuvre qui tient donc à inscrire le rôle de la foi dans une société où les progrès scientifiques se faisaient déjà de plus en plus nombreux.
Il existe également une forme de diabolisation pour la mère de voir sa fille grandir. Pas étonnant car elle rentre dans un stade qui est celui de l'adolescence et qui risque de voir l'enfant s'éloigner de la mère. Or, la relation entre les deux protagonistes nous est montrée comme étant très proche. La fille se transforme en femme et la maman ne semble pas s'y être préparée. N'évite-t-elle donc pas la question lorsque Regan se rend compte que sa mère à un faible pour le réalisateur. Et que dire alors de tous ces mots à caractère sexuel ou de cet acte masturbatoire avec la croix du Christ? Bref, le diable n'est pas seulement celui de la religion mais il évoque aussi une forme de crainte par rapport à certaines choses. L'enfant qui est pur se transforme en une femme qui pourrait prendre du plaisir dans une forme de pêché aux yeux de la mère.
Outre l'interprétation parfaite des acteurs, L'exorciste est sans aucun doute un chef-d'oeuvre du genre, au souvenir impérissable et au thème musical des plus réussis.
batman1985
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le 6 mai 2011

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