Après avoir revu pour la énième fois It's Wonderful Life, je me suis dit qu'il serait peut être temps que je commence à visionner les autres films de Capra, ne connaissant finalement que trop peu son univers, c'est donc au hasard que j'ai choisi de commencer par Mr. Deeds Goes to Town.
Réalisé 10 ans avant La Vie est Belle, le récit nous entraine en pleine campagne pour découvrir un joueur de tuba qui suite à la mort accidentelle de son oncle hérite de 20 000 000 de dollars.

Encore une fois, c'est avec un postulat des plus simples que Capra nous fait vivre un film bien plus ambitieux qu'il n'y parait à travers son personnage principal plus complexe que ce qu'on pourrait croire.
Longfellow Deeds est un homme comme on en rencontre peu dans une vie, musicien et poète, présenté de prime abord comme naïf voir simplet, quelqu'un de facile à berner pour des avocats véreux ou des hommes d'affaires peu scrupuleux, il n'en est rien. Il suffit de le voir répondre à ce comité dédié à l'opéra pour le réaliser.
"May be not to you, but it certainly is to me, if I have to make up a loss of $180,000. If it's losing that much, something's wrong. May be you charge too much, sell bad merchandise. "

Très rapidement en apprenant à le connaitre, on comprendra que cet homme est finalement tout à fait lucide et s'il semble hermétique à tout ce qu'il l'entoure, le monde des affaires, l'argent ce n'est pas parce qu'il n'a pas les capacités pour le comprendre, mais par choix, car tout ceci glisse sur lui, les choses importantes à ses yeux sont ailleurs et ne s'achètent pas avec de l'argent.
Gary Cooper livre une prestation monumentale dans ce rôle et parvient à extirper chaque sentiments de son personnage pour le rendre terriblement attachant. Cette naïveté apparente qui le caractérise au début, cette classe inhérente qui lui colle à la peau ensuite, et cette émotion palpable quand la caméra capte son regard sans qu'il souffle un mot rendent sa prestation inoubliable.

Un peu comme l'idiot de Dostoïevski jugé aliéné à cause de sa trop grande bonté, le commun des mortel n'accepte pas qu'on puisse sortir du moule de la société et cherche par tous les moyens à l'éteindre.
Mais grâce au talent de Capra, la satire se substitue à la comédie intelligente et élégante. De ce fait, on assiste à un film qui nous file une pêche phénoménale dans un quart d'heure final explosif et jouissif et nous donne envie d'une seule chose, avoir la chance de croiser un jour l'extraordinaire Mr Deeds.

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