Entre sa Caméra d'Or (1989) et son Ours d'Or (2017), la hongroise Ildiko Enyedi a relativement peu tourné et, après le sublime Corps et âme, c'était un bonheur de la voir revenir sans trop attendre, avec l'adaptation d'un roman de l'un de ses compatriotes. Le film a été très fraîchement accueilli à Cannes même s'il avait et a toujours des laudateurs (il fait la couverture du Positif de mars). Doté visiblement d'un budget important, L'histoire de ma femme ne peut que séduire par son esthétisme raffiné et son choix de décors et de costumes des années 1920, mis en valeur par une mise en scène d'une suprême élégance qui ne cède pas à l'académisme mais s'en approche parfois, à certains moments. Le récit, contrairement à ce qu'indique le titre du film, s'intéresse avant tout aux états d'âme d'un homme, capitaine de marine déboussolé quand il est sur terre, y compris auprès d'une épouse insaisissable et peut-être infidèle. L'intrigue, trop étirée dans sa deuxième partie à Hambourg, est à la fois ludique et dramatique, et toujours romanesque (littéraire, absolument, avec une certaine pesanteur), suivant le regard du héros, à l'austérité toute néerlandaise, sur sa femme, frivole et parisienne, laquelle, d'une certaine manière, est étrangère à son monde. Leur amour, incontestable, tout du moins en ses débuts, ne peut rien y faire. La cohérence du film n'est pas aidée par un casting international et l'utilisation dominante de l'anglais, des éléments qui lui donnent un côté légèrement artificiel. Face au remarquable Gijs Naber, Léa Seydoux fait mieux que tirer son épingle du jeu dans un rôle plus complexe qu'il n'y parait, puisque la psychologie de son personnage reste jusqu'au dénouement entièrement énigmatique.

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le 7 mars 2022

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Cinéphile doux

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