On continue dans le film de Noël. Je n'ai jamais assez de sucrerie et d'animatronique, alors hop, on s'envoit la suite de l'Histoire sans fin, sobrement intitulé "L'histoire sans fin 2", ce qui est quand même un peu dommage, puisqu'a priori, une histoire sans fin ne devrait pas vraiment avoir un second volet, mais plutôt un second chapitre, ce que le titre anglais, lui, avait bien compris. Mais bref, passons ce détail un peu trivial pour nous pencher sur la bête en question, suite un poil opportuniste d'un premier opus plutôt sympathique, qui avait pour lui un univers pas désagréable et une histoire plutôt cool.

Première chose étrange, cette suite n'a pas l'air du tout d'en être une tant le père comme le fils ont été changé par rapport à la première itération. D'un petit brun au yeux noirs parfaitement quelconque, Bastien est devenu un p'tit blond belle gueule aux yeux bien bleus, un parfait petit Ken cherchant sa Barbie. Et son paternel, pareil, d'un espèce de salaryman banal, c'est devenu The Flash, pétant la classe des années 80s (raté, on est au début des 90s). Bon, c'est bien sympa de vouloir faire des suites, mais vous voudriez pas garder des personnages qui se ressemblent de long-métrage en long-métrage ? Histoire que la sequel ait un sens ? Enfin bref, Bastien, ça fait longtemps qu'il n'est pas retourné à Fantasia et, comme par hasard, alors qu'il se trouve qu'il a peur du grand bain à la piscine, il va chez son pote libraire. Oui, le vieux libraire bizarre. Il s'y rend pour chercher un livre contre le vertige mais tombe sur le fameux ouvrage "l'histoire sans fin", d'où la voix de l'impératrice l'appelle. Comme dans le premier opus, il vole le livre (again, décidément, on dirait que le libraire ne veut pas le lui vendre !). Cette fois, par contre, il finit directement en Fantasia, équipé de l'Auryn. Le symbole magique, d'ailleurs, a décidé d'exaucer tous ses voeux, seulement, une méchante sorcière a créé une machine pour aspirer les souvenirs de Bastien à chaque fois qu'il en souhaite un, jusqu'à bouffer tous ses souvenirs, bim badaboum.
Comme on l'aura saisi, le scénario est un poil confus. C'est pourtant pas compliqué, bordel de queue, 95% du film, c'est presque de la repompe intégrale du premier opus, et pourtant, ça arrive à être totalement confus. Ainsi, on va donc se taper les mêmes gimmicks que dans le premier (vol du livre, Jeune Impératrice invisible, intervention du Mangeur de pierre), jusqu'au méchant, le Néant étant remplacé ici par le Vide. Ouais quand même, quoi, le Néant vaincu, le Vide se pointe. Laissez-moi deviner, le troisième méchant, c'est le Rien ? En plus de repiquer dans le premier volet, les détails nouveaux sont inutiles : vous saviez que le héros avait perdu sa mère ? Ah ben rassurez-vous, faute de trouver une façon honnête de parler du deuil, le film verse sans souci dans le pathos et vous assène quelques séquences où Bastien pleure la disparue, là où l'on avait eu la courtoisie de n'en rien dire par le passé. Pire, malgré l'évidente resucée, l'intrigue se prend les pieds dans le tapis et capitalise quand même sur un invraisemblable point de son contexte : le fait que le personnage central soit totalement tête à claques. Du coup, Bastien devient encore plus idiot qu'auparavant et ses réactions deviennent de plus en plus hystérico-foutraque. Le méchant a un visage, en plus (le Vide a un visage, ha ha !). Le super loup ultra létal et trop cool du premier n'est plus là, bref, il reste plus grand chose de neuf ou de bien dans l'histoire (sans fin). D'autant qu'une fois le pot-aux-roses éventé, l'intrigue va se limiter à des allers-retours pour essayer de retrouver untel, puis untel, sans grand intérêt. Et hop, tout à la fin, l'Impératrice débarque à nouveau comme une fleur en mode "j'avais tout prévu". Mais quelle connasse, celle-là !
Ajoutons à cela du kitsch partout, mais vraiment partout. Les décors sont de moins en moins terribles à mesure que le film avance : entre la cité d'argent qui n'a rien de bien terrible et les abords de la Tour de Cristal, on est loin des lieux étranges comme l'horrible marécage de la mélancolie ! Et côté technique... C'était déjà pas vraiment le point fort du précédent, là, ça franchit le cap du pas bien. L'animatronique fait de la peine (Falco, on dirait qu'il est mort et a été empaillé) et les géants sont tellement rigides qu'on sent bien le modèle moulé d'un tenant. Pire, en plus de la technique, le design est loin d'être accrocheur et l'on remarque assez facilement quelques repompes plus ou moins heureuses comme ces fameux géants qui semblent avoir été recalés du casting de Dark Crystal. Mention spéciale aussi au bébé mangeur de pierre, qui arrive à être exaspérant en moins de cinq minutes d'apparition à l'écran, avec un design horrible et des blagues pourries. Chapeau bas - alors même que le premier opus parvenait à camper des personnages fascinants en moins de dix minutes (le chapelier fou arabe, sérieux, ce perso mériterait un spin-off !).

Quand je pense que cet opus m'avait plu quand j'étais plus jeune... je ne me souviens plus vraiment de ce qui m'avait tant fait plaisir à l'époque, peut-être l'apparente noirceur du propos. Mais n'est pas l'Empire Contre-Attaque qui veut : la noirceur est assez contrebalancée par l'inaptitude du récit à se trouver des enjeux forts et à les tenir, comme dans tous récits qui se respectent. Là où le premier opus déplaçaient ses enjeux en montrant l'échec, dans un premier temps, du héros de fiction pour amorcer le succès du personnage réel, ici, on a, au mieux, le glissement jusqu'au père qui lit l'Histoire sans Fin et découvre enfin qui est son fils. Génial. Un produit finalement bien indigeste, qui ne satisfera ni les fans du premier, ni ceux du roman.
0eil
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le 2 déc. 2014

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