Film noir à l'eau de roses
Soit Frankie Madison (Lancaster), un petit voyou comme on en trouvait des centaines à l'époque, qui recouvre sa liberté après quatorze années derrière les barreaux. Immédiatement il se rend dans la boîte de nuit que son meilleur ami Dink Turner (Douglas) et lui sont censés posséder à part égale. Mais celui-là l'a trompé et dirige seul l'établissement. Pire, il l'a rayé de sa liste d'amis, ne daignant pas se déplacer durant toutes ces années jusqu'en prison pour aller voir son ami emprisonné. Floué, humilié, Frankie compte bien faire payer à son ancien comparse son manque de compassion et de solidarité pour avoir plongé pour lui et ainsi que sa récente trahison. Sur le chemin de la vengeance il fera la connaissance de la belle Kay Lawrence (Lizabeth Scott née en 1922 et toujours en vie), chanteuse vedette de la boîte, ayant elle aussi un litige à régler avec Dink, son amant. Entre coups bas, bagarres, filatures, trahisons et meurtres, naîtra une idylle entre ses deux âmes esseulées en quête d'amour et de repos.
De Byron Haskin je ne connaissais que The Naked Jungle avec Heston et Eleanor Parker. Son savoir-faire est indéniable : rues sombres et menaçantes, hôtel de fortunes et boîtes de nuit branchée, bureau piégé..., le cahier des charges est respecté avec un certain brio. Mais c'est véritablement dans la transcription à l'écran du scénario qu'il pèche. Il rend notamment totalement invraisemblable l'histoire d'amour entre Lancaster et Scott. Les films noirs regorgent de belles femmes en détresse (quand elles ne sont pas fatales) et d'histoires d'amour plus ou moins crédibles, on le sait. Mais au moins conquièrent-elles l'adhésion par leur charme et leur tragédie. Dans I Walk Alone ce n'est malheureusement jamais le cas et, pire, elle a l'artificialité surannée des romances à l'eau de roses. Si on ajoute à cela le relativement peu d’intérêt qu'on a de suivre l'histoire... C'est d'autant plus dommageable que le duo de comédien faisait sacrément saliver (il le fera encore plus dans le futur au gré de leurs nombreuses collaborations).