Pour sa seconde réalisation seulement, Clint Eastwood décide de rembourser sa dette envers le Western (et Sergio Leone) et le moins que l'on puisse dire c'est qu'il y ajoute un gros pourboire en supplément....!

L'histoire fait forcément penser à celle du film de Fred Zinnemann, "Le train sifflera trois fois". Le petit village de Lago voit débarquer un cavalier sans nom et bien mystèrieux et l'engage comme Gunfighter afin de protéger la population de trois truands tout juste libérés et prêts à se venger.

De ce scénario somme toute banal, Eastwood nous offre un western sombre, violent et terriblement cynique portant un regard sans concession sur le genre humains.

Les habitants de Lago quoique largement plus nombreux que les trois bandits refusent de se battre par couardise et lâcheté, comportement qu'ils ont eu quelques temps plus tôt en laissant le shériff se faire rouer de coup à mort par ces trois mêmes truands sans que quiconque n'intervienne. On a donc là une communauté de faibles lâches hypocrites incapables de faire preuve du moindre courage (allant même jusqu'à laisser leur femme se faire violer ou s'en servir de gilet pare balles, la grande classe quoi.....). Et les voir se déchirer entre eux devant les excès de l'homme sans nom nous donne une vision pessimiste de la vie en communauté où continue à régner le chacun pour soi.

Quand est-il du héros? Et bien Clint pose là les jalons qui vont définir sont cinéma à venir, à savoir la démythification du héros (qu'on retrouvera dans"Impitoyable" ou "Pale Rider" par exemple) . On est bien loin du défenseur classe de la veuve et l'orphelin, le cavalier ici est sale, peu avenant, défendant uniquement ses intérêts et jouissant du mal qu'il fait (on est très proche du cinéma de Peckinpah). Première chose qu'il fait, ce héros, en arrivant en ville, il commet un petit viol, rien que ça (et bien sûr, personne ne bouge). On lui donne les pleins pouvoirs et il en use et abuse avec joie. Lui, il est là pour la vengeance. Quelle vengeance?

"Who are you" hurle Geoffrey Lewis lors du duel final. A aucun moment, on ne connait son nom mais on sait qu'il a un rapport étroit avec le shériff lâchement assassiné. Et là, ce qui est fort, Eastwood ose amener une dose de fantastique: est-ce un ami de l'ancien shériff, son frère, ou lui-même revenu de l'enfer comme il le laisse entendre à la fin (voire même le diable en personne, why not?). En tout cas, cet homme laisse la ville dans un état apocalyptique.....

On a donc là un western âpre, violent et original, peu optimiste pour le genre humain qu'il faut voir absolument si on n'est pas allergique au cynisme et l'ironie mordante. Second film et déjà une oeuvre incontournable, chapeau Monsieur Eastwood.
Kowalski

Écrit par

Critique lue 3K fois

68
11

D'autres avis sur L'Homme des hautes plaines

L'Homme des hautes plaines
Sergent_Pepper
8

L’enfer chez les hôtes.

L’homme des hautes plaines s’ouvre et se ferme sur un même plan : un horizon embrumé par la chaleur sur lequel apparait ou s’estompe la silhouette fantomatique d’un cavalier. Surgi de nulle part,...

le 10 déc. 2014

67 j'aime

9

L'Homme des hautes plaines
B_Jérémy
9

Nos cauchemars, c'est notre âme qui balaye devant sa porte

Pourquoi pas ? Je ne suis pas un tueur. Ne faites pas l'idiot ! Vous... D'autres part, je n'ai rien contre ces hommes. Qui sont-ils ? Bridges et ses cousins travaillaient pour la...

le 15 août 2020

56 j'aime

22

L'Homme des hautes plaines
999999999999999
2

SALUT C'EST CLINT

MOI C'EST CLINT EASTWOOD MOI JE SUIS CLINT EASTWOOD ET JE VIOLE DES FEMMES MAIS PAS VRAIMENT EN FAIT PARCE QU'ELLES AIMENT CA CES CHIENNES MAIS MOI CLINT EASTWOOD JE SUIS QUAND MEME UN GENTLEMAN JE...

le 24 août 2015

42 j'aime

19

Du même critique

Charlie Hebdo
Kowalski
10

Vous allez finir par vous aimer les uns les autres, bordel de merde!

Les avis c'est comme les trous du cul, tout le monde en a un! Et un fois n'est pas coutume, je sors de ma réserve habituelle sur tout sujet concernant l'actualité politique et la marche du monde...

le 8 janv. 2015

136 j'aime

62

Pusher II - Du sang sur les mains
Kowalski
9

Tuer le père!

Deuxième volet de la trilogie, "Du sang sur les mains" arrive à se hisser au niveau de Pusher, ce qui n'était pas une mince affaire. Ce coup-ci, on suit Tony (oui oui, celui qui avait...

le 15 sept. 2012

81 j'aime

16

L'Inspecteur Harry
Kowalski
8

Scorpio , Harry, même combat?!

Le voilà donc, l'objet du délit! Ce film qui, bien aidé par la plume redoutable de la journaliste Pauline Kael, fait passer Eastwood de héros de l'ouest à jeune con violent, réac et même carrément...

le 8 mai 2013

79 j'aime

15