On va commencer pianissimo en parlant du titre. Les distributeurs français ont éprouvé le besoin de traduire "drifter" par "l'homme". Alors que le mot "drifter" introduit une connotation péjorative de l'homme, "d'un homme vagabond" voire même, peut-être, "d'un homme qui erre sans but".
Spoiler : la dernière scène dans la VO est différente de celle proposée par la VF. En effet, la VF donne une clé qu'il n'y a pas dans la VO en précisant qui est "l'homme". On pourrait dire que la VF change un peu le sens global du film. Mais, je pinaille, n'est-ce pas un peu secondaire, en première approche ?
Pourquoi "les hautes plaines" ? On n'en saura rien. Il pourrait être de la montagne, de l'Est, du Nord ou de la mer, on s'en fout un peu.
Après une carrière d'acteur dans les westerns spaghetti (pour être dans le ton de cet article), Eastwood en vient à se mettre en scène dans un premier western sur un scénario qui emprunte le thème de la lâcheté collective lors d'un meurtre. En effet, dans les années 60, Eastwood avait été touché par un meurtre abject suivi d'un viol d'une femme en plein New York sans que les nombreux témoins et voisins n'agissent.
Ici, c'est effectivement, un peu la même chose puisque dès le début, on voit des images "flash" relatant l'exécution d'un homme au fouet par trois individus devant la population du village au mieux lâche, au pire, complice et consentante. On comprend donc d'entrée que le cavalier solitaire est venu là pour régler un vieux compte et on comprend aussi très vite que les villageois n'ont pas les cuisses très propres et tentent d'oublier ce souvenir infâmant.
On saura juste qu'il s'agit, à la base, d'une crapulerie plus ou moins collective mais on ne rentrera jamais vraiment dans les détails. C'est déjà un premier reproche que je fais sur ce western qui confond "collectif" avec "général". Dans ce genre d'affaires, les choses ne sont rarement aussi simples. Je veux dire par là que le "tous pourris" a toujours un peu de mal à me convaincre.
D'autant que le personnage joué par Eastwood, qu'il soit un ange exterminateur (j'y reviendrai) ou une personne bien réelle est au moins aussi pourri. Sinon plus.
Attention, qu'on ne se méprenne pas sur ce que je vais écrire car je n'ai rien – mais alors rien – à voir avec les mouvements Metoo ou les mouvements féministes. Je suis même plutôt du genre beauf … Mais qu'on présente deux scènes de viol des deux seules femmes du western comme des scènes où les femmes finissent par apprécier et même en redemandent, c'est clairement non, chez moi. Le mec (l'homme ou le drifter) qui fait ceci s'avilit au moins autant que les salopards au fouet ou les salopards qui assistent lâchement. Pire, il perd même le droit de se venger.
A ce niveau, le film ne pourra jamais prétendre à la moyenne dans mon classement. Il sera même inférieur à "Impitoyable" dans lequel le personnage n'a rien de positif puisqu'il est juste "vénal" …
Par ailleurs, le western "l'homme des hautes Plaine" est truffé d'invraisemblances. La plus belle étant la femme, qui vient de se faire violer (et qui a pris son pied, n'oublions pas), dans un sursaut de courage (pourquoi, on se le demande) vient flinguer Eastwood dans son bain. Bon je sais bien que dans les westerns modernes les gens ne savent pas tirer au pistolet (en plus, c'est une femme^^) mais quand même, à une distance d'un ou deux mètres, Eastwood n'est même pas touché par la volée de balles. Ah oui, j'entends que le personnage n'est pas réel et est en fait un esprit vengeur, un ange exterminateur ! Ah oui mais pourquoi alors, le personnage joué par Eastwood éprouve le besoin de plonger dans l'eau de la baignoire, hein ?
Est-il utile d'en dire plus pour signifier que je n'aime décidément pas ce western dont je n'hésiterai pas une seconde à dire qu'il bafoue les lois du genre ? Ah oui, c'est vrai ! Il est crépusculaire, le western. Donc, il a le droit de "violer" les lois du genre.
Même l'esthétique "leonienne" du cavalier qui pénètre lentement dans le village pendant dix – très longues – minutes, au début du film finit par être contreproductive (terme plus beau que "gonflant") chez moi. Mon – très – mauvais esprit aurait tendance à me souffler à l'oreille que pendant ce temps le film s'écoule sans trop d'effort scénaristique. Mais c'est comme si je n'avais rien dit.