Le titre du nouveau film de la talentueuse réalisatrice tunisienne Kaouther Ben Hania (Le Challat de Tunis, La belle et la meute) est singulier et intrigant : L'homme qui a vendu sa peau. Et la fable qu'il raconte ne l'est pas moins, original et très actuelle, avec son héros syrien au tatouage dans le dos, mais aussi universel par son thème récurrent dans la littérature et le cinéma : le pacte méphistophélique. Le projet est excitant et moderne parce qu'il est parfaitement fidèle à notre époque étrange "où les marchandisent circulent mieux que les individus." C'est aussi un formidable film sur le pouvoir de l'art et ses limites avec son caractère provocateur et mercantile. Ceci fait que L'homme qui a vendu sa peau peut-être considéré, toute proportions gardées, comme un cousin d'une récente Palme d'Or, The Square. La dignité de l'homme et sa liberté relative face à une société cynique et récupératrice sont au cœur d'un récit admirablement construit et qui surprend constamment. S'y ajoute une histoire d'amour, plus convenue, mais qui ramène un peu d'humanité dans ce monde où la dictature de l'instant, de la publicité et du buzz imposent leur loi d'airain. Remarquablement scénarisé, L'homme qui a vendu sa peau est aussi un bel objet esthétique, mis en scène avec goût et virtuosité. Outre Monica Bellucci, très sobre, le film permet à deux acteurs peu ou pas connus de briller : la débutante Dea Liane et surtout l'ébouriffant Yahya Mahayni qui porte littéralement le film sur son dos !

Cinephile-doux
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le 16 oct. 2020

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