Des paysages à couper le souffle, un Gregory Peck charpenté et toujours aussi efficace quand il s’agit de se friter, un ennemi invisible, ici un papa indien prêt à tout pour récupéré son fils que sa maman interprétée par une Eva Marie-Saint, assez potiche, vraisemblablement plus à l’aise pour jouer dans des mélodrames ou être maltraitée par papa Hitch’, a enlevé. Tout ce beau monde mis en scène par un Robert Mulligan qui sort des succès que furent To Kill a Mockingbird et Up The Down Staircase, ces grandes sagas sur la justice.


Tiré d’une nouvelle de l’écrivain américain d’origine norvégienne, Theodore V. Olsenn à qui l’on doit le fameux et sulfureux ouvrage Soldier Blue adapté par Ralph Nelson, The Stalking Moon, est un western de facture classique dont les enjeux dramatiques ne sont pas réellement mis en valeur par un Mulligan qui s’attache en revanche à mettre remarquablement en avant les splendides paysages à perte de vue de cet Ouest encore vierge. La maisonnette en bois au fond de la vallée, dominée par une colline rocailleuse donne au décor un sentiment de liberté dont on a tous rêvé, notre "cabane au Canada" en quelque sorte.


Fonctionnant à l’économie de moyens, peu de dialogues, jeu assez statique des interprètes, une action brève mais somme toute assez efficace, cette petite série B sans véritable envergure autre que de tenter de mettre en valeur la dualité masculine et la confrontation des deux mondes, celui de l’homme civilisé mais sans plus, Peck interprétant quand même une sorte d’ours des bois rustre, genre bucheron solitaire, et celui du monde sauvage, avec un autochtone qui brille tellement par son invisibilité et sa non exposition que l’on est incapable de mettre un visage sur son personnage, va souvent à l'essentiel, mais de manière un peu trop poussive.


C’est plutôt efficace, mais ça manque tellement d’enjeux dramatiques et d’engagement de la part des interprètes que l’on en vient parfois à se contenter de contempler les magnifiques paysages en attendant la suite. Pas un grand western de la part d’un Mulligan qui ne semble vraisemblablement pas vraiment à l’aise pour se confronter à ce genre, lui le sociologue du déraillement civilisationnel.

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le 6 nov. 2019

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