le 8 mars 2014
Critique de L'Île par Zogarok
Portrait d'un fol-en-dieu, ces hommes abandonnant les biens matériels et défiant les normes de leur époque dans une perspective religieuse exclusive. Остров raconte l'impossible repentance du Père...
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Portrait d'un fol-en-dieu, ces hommes abandonnant les biens matériels et défiant les normes de leur époque dans une perspective religieuse exclusive. Остров raconte l'impossible repentance du Père Anatoli, un moine coupé de sa communauté, sur le petit îlot où il entretient la chaudière du monastère. Ses visiteurs le prennent pour un prophète excentrique alors qu'il est un névrosé absolu, lâche jusqu'à la moelle. Qu'il soit ainsi consacré le déçoit et renforce ses mécanismes vicieux. Malgré ses coups vicieux, ce vieux filou est un moraliste honnête, car sa dévotion ne tolère aucune ambiguïté.
Il n'en demeure pas moins un misanthrope, se haïssant plus encore qu'il méprise les autres. On vient vers lui car il apparaît humble et sincère ; il ne fait que se jouer de la crédulité des gens. Il répond cependant à leurs attentes et apporte les réponses, sous la forme d'un chemin à emprunter, à ceux qui voudraient des certitudes et un message du tout-puissant. On peut trouver ça honorable, car il soulage et guide, voir permet une prise en main de son destin. On peut estimer aussi qu'en mystifiant ainsi il enfonce les gens dans la bêtise, l'ignorance et les pousse ou les entretienne dans une forme de folie atténuée : la foi aveugle et candide dans des pseudo-vérité, ou un destin qu'il écrit lui-même.
De toute façon, l'idéal d'une résignation sur-mesure est bonne. Elle pourrait même libérer ces individus de leur torpeur malsaine. Cependant le vieil homme n'en use pas avec sagesse. Il y a en lui un troll farceur, puis un homme de foi, mais il ne fait que chercher sa propre rédemption. Le spectateur est le seul à le savoir, puisque le seul, avec lui et Dieu, à le voir manipuler son prochain à bon ou mauvais escient et ne se tourmenter finalement que pour lui-même. Aucune unité transcendante ne semble tellement le concerner, pas même la Nature qu'il côtoie de près. Il est juste ici, avec des mortels quelconques et Dieu qu'il appelle.
Quelquefois, il crie car il redoute que le Seigneur, le voyant tout entier, ne pardonne plus ses mesquineries, ses errances. Le père Anatoli est pris dans des contradictions tout simplement parce qu'il est égoïste et vicié au plus profond. C'est un sot et il le sait. Ses actes ne sont pas justifiables, ni son caractère, aussi il est condamné à se flageller et à s'amuser. Sans cesse. Tomber dans l'erreur et la reproduire. Sentir sa conscience reprendre le dessus, angoisser face à la vérité béante et surenchérir pour se racheter, avant d'être regagné par ses sales manies. Et finalement, trouver le salut en cessant tout à fait de jouer.
S'il a fait vibrer le public, ce film mystique a en France été copieusement ignoré par les journalistes sinon pour quelques assassinats critiques et diffamations. En Russie, le patriarche de l’Église Orthodoxe en a fait l'éloge. Pavel Lounguine (Taxi Blues, Un nouveau Russe, Tsar) a réalisé un film contemplatif débordant de vie. Les réfractaires à ce registre pourraient apprécier, car Ostrov a du contenu et une mise en scène aussi dépouillée que raffinée. Se répand un lyrisme sans mensonges, avec des hommes tels qu'ils sont, apprennent à s'accepter et travaillant à s'améliorer. C'est majestueux.
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le 8 mars 2014
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le 8 mars 2014
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