Découvert à la télévision quand j'estois un petit d'homme, tout juste bon à m'écorcher les genoux et à me curer le nez à plein doigt, le film passait alors en épisodes. J'avais le souvenir de l'attente insoutenable entre les épisodes, la joie de retrouver ces personnages incarnés par des comédiens sympathiques. Certains d'entre eux avaient des têtes qui revenaient souvent sur le petit écran, tels Jess Hann (le pote de Bébel dans Cartouche), Philippe Nicaud (le dragueur de Mireille Darc dans Pouic Pouic, mort il y a quelques jours, c'est d'ailleurs sa nécro qui m'a incité à revoir ce film), Gabriele Tinti (le bellâtre de La folie des grandeurs) et Omar Sharif (le ripoux grec du Casse, ben oui, quand j'étais môme le Dr Jivago, je m'en cognais gravement). L'enfant qui sommeille en moi ne tarde jamais à ramener sa fraise, tagada notamment. J'avais envie de ré-entendre la voix de Philippe Nicaud, de retrouver sa bouille à dandy, ses allures de Cary Grant franchouillard (c'est raté pour l'occase, la robinsonnade lui collant le menton poilu), son élégance, son regard volontiers narquois. De même que j'avais hâte de réentendre le tonnerre qui sert de voix à Jess Hann, avec son incroyable accent américain dont il ne se déparera jamais. Pour ces deux là, la vision de l'île mystérieuse est déjà un grand plaisir qui se renouvelle aujourd'hui sans faiblesse aucune, nickel!


Et puis, je me suis rappelé le même plaisir dépaysant et exotique que la version américaine d'Endfield apporte également d'une autre manière cependant. Chez Endfield, les monstres d'Harryhausen et les peintures jouaient sur les effets visuels. Ici, c'est un tableau plus proche de Verne, les descriptions naturalistes, une invitation au voyage plus réaliste, proche des véritables paysages volcaniques, de jungle et des bords de mer ravagés par le fracas des vagues sur les récifs saillants.


Je me souviens surtout de ce que l'adjectif "mystérieux" évoque. Bien nommée cette île cachait le secret de Nemo et longtemps le jeune enfant que j'estois cherchait une explication sur ces gens bizarres, leurs accoutrements excentriques. Leurs antennes à visage métallique avaient de quoi faire peur et rêver à la fois le marmot. Et aujourd'hui, avec un sourire en plus, une pincée de nostalgie, mon regard sur ce film est plein de remerciements.


Un film chaleureux, doux, exotique, plein d'aventures, de mystères et de pirates, parfait pour les mômes.

Alligator
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le 1 mars 2013

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