Robin Campillo n'est pas Albert Serra. Car s'il y a un peu de Liberté et de Pacifiction dans L'île rouge, c'est à l'état de brouillon. Le cinéaste nous perd, sur cette île réduite à une plage et une grande maison. Quelques séquences, notamment le montage parallèle poétique entre la table en pierres et l'île vue du ciel, se détachent de cet ensemble ennuyant. On peut raconter une histoire de tranche de vie, les derniers instants d'une époque, la décadence d'une civilisation, ce qu'Albert Serra a réussi avec brio dans ses deux derniers films, mais il faut être clair et précis. Campillo se perd dans cette île, Madagascar, dont on vante la beauté, mais qu'il ne nous fait même pas visiter... Ce qui pourrait être un choix esthétique révèle plutôt le manque d'ambition du film, coincé dans un entre-deux au goût d'inachevé. C'est frustrant et incipide.
Nadia Terezkiewicz n'est pas brune. La révélation des Amandiers, film sur le théâtre, que l'on a retrouvé dans Mon Crime, film théâtral, se retrouve dans ce film au jeu d'acteur plus naturaliste, à côté de la plaque, avec une teinture brune qui semble la dénaturer.
Les éléments intéressants du film, car il y en a quand-même, ce sont les personnages, les adultes déchus, nerveux, frustrés, et surtout l'amitié fugace mais sincère entre les deux enfants, plus naïfs et curieux, ainsi que les quelques petites minutes accordées aux Malgaches, quasiment invisibles (une bonne idée esthétique sur le colonialisme) en fin de film, comme une libération, qui était déjà annoncée.