L'Impasse est un film qui a le mérite de tenir son spectateur en éveil. C'est vrai, nous sommes vraiment emportés et captivés par l'histoire de cet ex-gangster qui essaye tant bien que mal de s'extirper de ce monde qu'il a toujours connu, un monde sans foi ni loi, dans lequel l'amitié est un grand mot dont il faut se méfier.
Un passé de gangster, mais des valeurs implacables qu'il porte au plus profond de lui-même, Carlito Brigante devient très vite un personnage profondément attachant. Comment ne pas vouloir le voir réaliser son rêve de partir aux Bahamas avec une somme de 75 000 dollars afin qu'il puisse vivre cette nouvelle vie ?
La relation qu'il entretient avec Gail est assez intéressante. On a le droit à des scènes riches en émotions avec des touches de légèreté placées au bon moment. J'ai globalement apprécié leurs retrouvailles et la suite de leurs péripéties, et notamment la scène de l'engueulade dans laquelle Carlito Brigante est véritablement tiraillé entre ce qu'il a envie de faire au fond de lui (son désir), et ce qu'il se doit de faire (sa conscience). Cette dualité qui le maintient malgré lui dans l'univers qu'il souhaite bannir définitivement de sa vie est bien mise en scène tout au long du film, ce qui a le mérite de créer une forme de tension intéressante.
Al Pacino est toujours bien, il joue avec une justesse exemplaire mais n'est pas dans l'un de ses meilleurs rôles non plus, notamment quand on compare celui-ci aux rôles qu'il tient dans Le Parrain, Donnie Brasco ou encore Un après-midi de chien, films dans lesquels il se révèle véritablement extraordinaire.
Si j'ai très bien apprécié l'histoire et trouve la réalisation assez bonne, je n'ai pas du tout été emballé par les dernières minutes du film. Ce n'est pas l'idée du dénouement de l'histoire qui me dérange, c'est plutôt le choix de la mise en scène.
De Palma essaye de faire monter la pression avec la musique et la traque mais j'ai trouvé ces moments de tension horriblement longs et ennuyeux car ils ne témoignent d'aucune créativité en étant profondément dignes des blockbusters américains à la noix avec le héros qui s'en sort toujours d'un millimètre. Tout est grossier et abusé alors que l’entièreté du film ne nous a pas vraiment habitués à cela, ce qui casse profondément la bonne dynamique de l'ambiance très crédible et réaliste du film qui s'était installée jusque là.
Effectivement, je ne suis pas fan du protagoniste qui enchaîne quatre hommes au pistolet alors qu'il est dans une situation extrêmement défavorable sans aucune couverture (la caméra essaye de nous faire croire que ses ennemis n'ont pas d'angle sur lui mais c'est faux) et qu'il est d'une facilité déconcertante de le tuer. Quand on voit un des membres du groupe qui le traque se ruer vers lui pour se prendre des balles dans le ventre comme un demeuré, c'est vraiment dommage.
De même, la longue tirade de fin où on le voit allongé sur le brancard alors qu'il devrait être mort depuis 10 minutes est de trop, je n'aime pas ces moments surfaits que je qualifie de "tire-larmes", au sens où on force trop sur les émotions du spectateur sans que ce soit limpide. Du moins, c'est la sensation que j'ai eue.
En résumé, ce fut un bon moment de cinéma avec une belle histoire qui nous plonge dans l'univers sombre des trafiquants en montrant la dure réalité qui s'y cache parfois. Une réalisation sympathique, exceptée certains moments du final, et un casting très bon car Penelope Ann Miller est vraiment excellente, et Sean Penn se révèle très surprenant dans ce rôle. Le final me laisse sur une petite note amère mais qui n'a pas pour autant gâché complètement le film.