C'est amusant de voir comme ce film peut déchainer chez certains l'adoration la plus totale et chez d'autres l'exécration la plus complète.

Autant vous dire tout de suite que je me rapproche beaucoup des premiers, mais, pour cette fois, je comprends aussi les autres. Par exemple, je l'avais commencé il y a plusieurs semaines, dans une humeur peu appropriée et rien ne marchait, je trouvais Cary presque pataud et le rôle de Miss Catastrophe m'horripilait comme pas possible. Sagement, j'ai retiré la galette et j'ai relancé la machine hier, épuisé mais bonhomme et autant vous dire tout de suite que la différence m'a explosé au visage.

Pataud, ce génie comique prodigieux ? Ah ! Ah ! Ce qu'il ne faut écrire quand même... Quelle merveille que ce Cary, quand même... On a envie de le manger tout cru.

Passé le début peut-être un peu trop hystérique, Hawks impose très vite sa maîtrise de chirurgien génial de la drôlerie. A partir du moment où la robe se déchire, le festival hilarant commence dans un rythme effréné qui nous entraîne dans un pas de deux merveilleux qui ne s'arrête presque plus jusqu'à la fin.

J'oublie volontiers ces petits moments où, en permanence sur le fil du rasoir, le film risque parfois de tomber du mauvais côté puisque, à chaque fois, Cary relève le tout au dernier moment grâce à ces petits moments de magie dont il a le secret.

Ce qui est amusant en le revoyant dix ou quinze ans plus tard, c'est de découvrir un cousinage qu'on ne soupçonnait pas :

Une jeune femme qui vous fait tourner bourrique, un héros victime des circonstances, un prétexte adorablement léger, une virée à la campagne, une imposture à tenir, la vieille tante à héritage, le jardinier alcoolique, des animaux farfelus, un major qui raconte ses safaris, le shérif du comté en embuscade et ce fameux psy que l'on croise partout, ça ne vous rappelle rien ?

Devenu depuis ces dix ou quinze années idôlatre du plus grand écrivain anglais du vingtième siècle, je ne peux plus m'empêcher de reconnaître ici la liste des ingrédients que l'on retrouve peu ou prou dans l'intégralité des oeuvres de Pelham Grenville Wodehouse, le merveilleux petit agneau bêlant créé par Dieu pour récompenser les belles âmes de son style inimitable.

Une presque-adaptation de mon chéri par Howard avec Cary, on me l'aurait raconté que je n'aurais jamais voulu le croire...

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le 6 avr. 2012

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Torpenn

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