L'Inconnu du Nord-Express par pasteque68

En 1951,cet Alfred Hitchcock ,qui apparait en voyageur montant dans le train avec une contrebasse, réalise un chef-d'oeuvre. Premier livre de Patricia Highsmith, cet Inconnu du Nord-Express est un thriller magistral. Les scènes cultes se multiplient: l’image sidérante du crime découvert à travers les verres des lunettes,le personnage de Bruno isolé au milieu des spectateurs pendant les échanges du tennis ou petite tache sombre devant le Capitole, la scène au cours de laquelle un forain passe sous le manège qui a été réalisée sans trucage ou la progression du héros dans la maison du père du méchant Bruno... Ce dernier,Robert Walker est décédé, à 32 ans soit deux mois seulement après la sortie du film, des suites d'une surdose de médicaments. Terrible aussi cette image sidérante du crime découvert à travers les verres de lunettes de la soeur. A partir du pitch "Si vous serrez la main d'un fou furieux, vous vendez peut-être votre âme au diable...", Alfred Hitchcock réalise un classique de cette époque. Tout a un sens et chaque plan de la caméra est réfléchi.Le talent d'Hitchcock est ainsi de créer un véritable climat d'angoisse à partir d'une situation a priori anodine.Les scènes comiques impliquant la truculente soeur de l'héroine interprétée par la fille du réalisateur sont bien vues. On comprend mieux Woody Allen avec son Match point. J'adore cette progression du héros dans la maison du père de Bruno qui prend des allures cauchemardesques avec ces ombres terrifiantes, cet interminable escalier, ce chien qui ressemble au Cerbère gardant la porte de l'enfer.Dans l'univers d' Alfred Hitchcock, personne n'est jamais véritablement innocent.Ce joueur de Tennis, Guy Haines interprété par Farley Granger, qui est au bord du divorce, rencontre un inconnu dans le train.Et tout commence avec ces pieds filmés et ces rails prenant différentes directions. Avec ce scénario façonné par l'immense Raymond Chandler tiré du roman troublant de Patricia Highsmith mêlant quelques touches d'homosexualité, Hitchcock réalise bon nombre d'audaces techniques et visuelles. Beaucoup de plans complexes jouent sur les échelles.Si la personnalité et la folie du personnage de Bruno ne nous sont à peine expliquées, ses relations plutôt spéciales avec ses parents interpellent et laisse planer un certain mystère.Terriblement terrifiante aussi cette vision par ce Bruno du tableau peint par sa mère. Tout le long du film ,on retrouve des plans comme Hitchcock semble en avoir le secret. Avec ce Strangers on a Train, la construction du récit est remarquable.L'astuce principale d' Alfred Hitchcock ici, c’est d’avoir fait du héros le complice involontaire de son bourreau . Il est lié à cet homme, qui l’aime autant que lui le hait.Chacun est l'alter-ego de l'autre et le spectateur témoin est complice de l'engagement de ces deux-là.