L'Indestructible par pierrick_D_

Un gangster particulièrement dangereux est arrêté et condamné à mort après la trahison de ses complices.Il passe à la chaise électrique,mais son corps est récupéré par un savant apprenti sorcier qui le ramène à la vie.Le mec se réveille,et il n'est pas content.Il se met en devoir de se venger de ses anciens amis,en occasionnant pas mal de dégâts collatéraux sur son chemin,d'autant que l'expérience lui a conféré une force surhumaine et que sa peau est devenue si dure qu'elle est imperméable aux balles.Cette série B fifties présente l'originalité de mélanger argument fantastique et polar noir.Il faut cependant reconnaître que le second aspect prend largement le pas sur le premier,la dimension SF se réduisant à la résurrection initiale,et aux facultés hors normes dont elle dote le personnage.Ca part sur les traces du "Frankenstein" de James Whale,puis ça évolue vers une préfiguration du "Shocker" de Wes Craven,avant de devenir un policier très classique,paré de tous les atours du film noir de l'époque.Un méchant parfaitement ignoble,un flic pur et dur qui commente l'action en voix off,le travail de la police présenté sous un jour presque documentaire,la belle pépée du gangster qui se met à flirter avec l'inspecteur,des truands aux mines patibulaires,nous sommes en terrain balisé.Mais le plus réside dans le soin, étonnant pour un film de cette catégorie,apporté à la technique.La photo,superbe noir et blanc typique des années 50,rend justice,entre ombre et lumière,aux ambiances nocturnes.Quant à l'illustre inconnu Jack Pollexfen,réalisateur et producteur du truc,il fait preuve d'un talent qu'on n'attendait nullement en un tel contexte.En dépit d'un budget visiblement limité,sa mise en scène est d'un excellent niveau.Peu de décors,mais ils sont fort bien utilisés.Les intérieurs nous baladent des bureaux impersonnels de la police aux coulisses d'un cabaret miteux,en passant par le laboratoire folklo du scientifique téméraire.Pollexfen fait très fort sur les extérieurs,qui nous immergent avec bonheur dans le Los Angeles des fifties et nous convient à l'exploration d'endroits peu fréquentés habituellement par le cinéma,comme le funiculaire,la centrale électrique et surtout les égouts de la ville,où se dénouera l'action.Le réalisateur surprend en multipliant les plans originaux,certains sont magnifiques,plaçant judicieusement sa caméra et maîtrisant notamment à merveille les plongées et contre-plongées.On pourra regretter que le scénario soit aussi simplet et naïf,mais la courte durée du film n'est guère propice à des développements complexes.Les comédiens ,peu connus,ont été castés avec clairvoyance,tous ayant la gueule de leur emploi et tenant avec sûreté leur partition.Sortent du lot la très belle Marion Carr,idéale en blonde de service,dont la présence apporte une pimentation érotique lorsqu'elle apparait en justaucorps à paillettes,et Ross Elliott,efficace en avocat pourri et faux-jeton à souhait.Et puis il y a la vedette,celui qui joue "le boucher",qui n'est autre que Lon Chaney.Mais attention,il s'agit de Lon Chaney Jr.,le fils,qui est loin de valoir son père.Certes,lui aussi a le physique adéquat.Massif,costaud,affligé d'une sale gueule,ça pourrait le faire.Mais son manque d'expressivité et de charisme rend son personnage plus ridicule qu'effrayant,surtout lors des nombreux gros plans sur son visage.Il participe cependant à quelques scènes de violence impressionnantes,même si édulcorées par les moyens limités de la production,particulièrement lorsqu'il soulève des gens et les balance,à la manière de son paternel quand il incarnait Quasimodo dans "Notre-Dame de Paris".