Des cheveux coupés, une chaussure volatilisée, des images de monstres dessinées, une marque de coup. Autant d'indices qui laissent à penser à la mère de Minato que son fils est victime de maltraitance physique et psychologique par son professeur M. Hori. Ce nouveau professeur va se retrouver au centre des accusations, portées également sur ses mœurs légères - il fréquente le bar à hôtesses de la ville.
Le film se déroule en deux parties, permettant d'éclairer le récit de deux perspectives distinctes: le monde des adultes (la mère, le corps enseignant), qui pose un verdict hâtif et déterminé par des considérations intéressées.
Le monde des enfants, qui permet de jeter un regard tout autre sur la vérité, obéissant à ses propres rapports de force, empruntés au monde des adultes sans que ceux-ci n'arrivent à les déchiffrer. Il y a à la fois beaucoup de naïveté, de naturel dans la relation entre Minato et son camarade Yori, mais aussi beaucoup de jugements et de méchanceté au sein de la classe.
Le récit est renversant: il commence de manière simple, voire simpliste dans la première partie du film. Le jeu des acteurs peut paraître surfait et le scénario un peu grossier. Puis, dans un second mouvement, le film prend une autre dimension et une double profondeur. Certaines scènes sont mêmes partiellement (re)jouées, afin de prendre de la hauteur sur les évènements qu'on nous avait montrés, sans jamais donner l'impression d'un déjà vu. Une rétrospective astucieuse.
Présenté comme un film sur le harcèlement scolaire, le film traite avec beaucoup d'élégance et de bienveillance la découverte de l'orientation sexuelle. Les deux jeunes acteurs sont époustouflants. Du reste, tous les personnages sont bien travaillés. Le professeur Hori n'est pas sans rappeler le personnage camusien de Meursault, de part sa déviance face aux mœurs acceptées par la société et le dilemme 'absurde' dans lequel il est contraint. La directrice est un personnage complexe, rempli de contradictions. La scène des instruments de musique entre Minato et la directrice est bouleversante d'humanité.
Tourné au Japon, le film alterne les éléments de nature et les éléments urbains. Tous deux sont montrés sous l'angle de leur dangerosité (le typhon, l'incendie de l'immeuble) tout comme leur protection (la quiétude de la forêt et le wagon abandonné servant d'abri).
Un rendu final subtil, harmonieux et qui fait réfléchir. Prix du scénario à Cannes 2023.