Y aura-t-il un jour un film de Murnau devant lequel je ne resterai pas pantois d'admiration ? J'en doute et ce n'est certainement pas City Girl qui viendra démentir cet actuel état de fait. Moins connu que L'aurore, Faust ou Nosferatu, il s'agit probablement d'un des meilleurs films de Murnau.
Comme pour l'Aurore, c'est l'histoire d'un couple. Contrairement à l'Aurore, ce couple ne se verra pas perturbé par l'arrivée d'une prétendante mais bel et bien par le père du jeune homme, complètement opposé à cet union de son fils avec une femme de la ville. Cette "City Girl" qui ne doit pas être une femme sincère pour se marier si vite avec son mari. Ses intentions ne sont pas honnêtes.
Chez Murnau, il y a comme souvent une forme de naïveté dans l'amour et le couple. Cette naïveté se traduit à l'écran par de superbes séquences de joie, notamment ce fabuleux travelling dans les champs de blé, celles d'un couple s'égayant avec des petits riens.
Tant au niveau du rythme que de la qualité de la mise en scène, Murnau n'a plus rien à prouver. Et le choix de faire un muet, l'un des derniers de grande qualité, alors que le parlant prend petit à petit son envol, s'apparenterait presque aujourd'hui à un pari risqué.
Dans ce film, c'est surtout l'opposition entre deux mondes qui est montrée, celui de la ville et celui de la campagne. Des paysans et leurs manières rustres qui vont mettre en difficulté la jeune dame de la ville, qui apparait pourtant comme légère aux yeux de certains.
Le jeune homme lui restera tiraillé entre l'amour pour sa femme et celui qu'il a pour son père. La filiation familiale est importante et pour le jeune homme, c'est en s'affranchissant un peu plus de celle-ci qu'il deviendra enfin un homme, un être respectable tant aux yeux des autres hommes de son âge qu'à ceux de sa femme.
Il y a aussi chez Murnau une façon assez incroyable de capter des moments simples du quotidien des fermiers et de les rendre passionnants: la récolte du blé, la pause, le repas familial, etc.
Aidé par un casting impeccable pour le genre, Murnau signe bel et bien l'un des derniers grands films du cinéma muet.