The Last Show
Sorti en 1956, L'invraisemblable vérité est le dernier film américain de Fritz Lang, qui ne réalisera plus que trois films par la suite en Allemagne jusqu'en 1960 et de s'éteindre 16 ans après. Il...
le 25 avr. 2014
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Déçu par ce film de Lang, qui pâtit d'un scénario poussif, pétri d'invraisemblances, dénué de véritable suspense et dans l'ensemble très prévisible malgré la multiplication des retournements de situation. Contrairement à ce que peuvent laisser penser les premières minutes du film, le but de Lang n'est pas de fournir un énième plaidoyer contre la peine de mort mais plutôt d'interroger les apparences. Dommage que cela soit traité avec si peu de finesse.
La trame du film est rapidement énoncée par l'un des protagonistes : se faire passer pour un meurtrier afin de se faire condamner à mort, puis, en prouvant finalement son innocence une fois le verdict établi, démontrer l'aberration que constitue la peine capitale, peine bien lourde pour une justice trop humaine. D'emblée, plusieurs éléments laissent dubitatif (le twist final est censé les éclairer d'une autre lumière, mais cela ne m'a guère convaincu non plus, j'y reviendrai). La légèreté avec laquelle le beau-père jette Tom Garett dans un tel guêpier laisse songeur. Tout comme la légèreté avec laquelle ce dernier, vaguement et tout fraîchement convaincu de l'iniquité de la peine de mort par une simple discussion de son beau-père, s'offre à la vindicte populaire et à une condamnation à la peine capitale. Le trouble dans lequel il va jeter son couple, la douleur causée à sa fiancée, ne semble que vaguement le préoccuper. La capacité de son beau-père à établir la vérité une fois le verdict établi ne fait l'objet d'aucun semblant de doute. [SPOIL] Le premier twist ne constitue vraiment pas une surprise tant on se doutait que le plan annoncé allait forcément dérailler pour que le film ait un quelconque intérêt. On va dès lors assister à la prévisible descente aux enfers du "joueur".
La manipulation d'un jury par l'éloquence, la capacité à instiller le doute par un faisceau de faits mineurs troublants ne sont que rapidement survolés (et traités avec beaucoup plus de profondeur dans bien d'autres films).
Un rebondissement permet finalement au condamné d'éviter la chaise électrique juste avant l'exécution de la sentence, autre cliché éculé. On pensait s'en tenir là, mais un ultime twist, invraisemblable comme nous le promettait le titre, va donner une perception toute autre de l'intrigue présentée jusqu'alors. Si ce dévoilement est censé justifier le comportement peu compréhensible de l'écrivain Tom Garett jusqu'alors, il n'épuise pas véritablement les interrogations. On comprend bien l'intérêt à se soustraire définitivement à la menace d'une condamnation en ayant déjà été jugé mais comment imaginer qu'un homme impliqué dans un meurtre s'expose si dangereusement alors que rien ne semblait jamais devoir l'inquiéter ? On se rappelle qu'une semaine après le meurtre la police n'avait toujours aucune piste....Par ailleurs, la personnalité bien moins lisse de Tom Garret qui en ressort ainsi que sa précédente vie bien moins reluisante ne sont pas du tout développés ; on se contente de nous asséner cette brutale conclusion. En matière de twist final, je repense notamment à Témoin à charge, film de procès de Billy Wilder, qui m'était apparu bien plus convaincant.
Au total, un film mineur à mon sens dans la longue filmographie (inégale) de Lang, qui fait pâle figure à côté du grand film judiciaire qu'était Furie.
Scénario/dialogues/narration : 5
Interprétation : 7
Mise en scène/photographie : 6
Originalité/atmosphère : 5
Créée
le 11 juil. 2025
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