« Une fois c’est un gars comme ça qui se trouve tellement nul qu’il décide d’enlever une femme pis de l’enfermer dans une cave en espérant qu’elle finisse par tomber en amour avec lui tellement il est gentil. » Mais le film est loin d’être une blague. Surtout qu’à la place du happy end attendu, on en rajoute en mettant le protagoniste en filature d’une autre victime une fois que la première a rendu l’âme et qu’il l’a inhumée. En voix hors champs, le personnage nous confie que c’est elle qui a fait l’erreur de ne pas l’aimer et qu’en séquestrant une fille moins guindée, il réussira. Une telle finale suscite le malaise et la réflexion. Doit-on accuser l’auteur d’un certain sadisme ? Prendre en pitié le pauvre Freddie qui se sent si mal aimé que la seule manière de trouver une dulcinée est de l’enfermer dans un donjon ? Quoiqu’il en soit on tire plaisir à regarder ce film parce que la situation est intrigante et le scénario bien ficelé. Mais aussi parce que les interprètes appelés à incarner le ravisseur et l’otage sont sur la coche. Samantha Eggar est d’une justesse renversante. La situation de son personnage exige un jeu intérieur permettant d’exprimer l’angoisse avec vérité et subtilité. Elle y parvient brillamment et on prend plaisir à la suivre dans sa stratégie pour s’en sortir. Terence Stamp a le regard de l’emploi. Son naturel angélique va à l’encontre de l’acte de cruauté que commet son personnage et cela sert bien mieux l’action. William Wyler prouve une fois de plus sa capacité de passer de la fresque historique au drame intimiste avec le même succès.