« Pas un documentaire animalier, un film sur les hommes »

Préparant un grand travail d’assemblage d’archives et de consultations des années au préalable, Jérôme Salle met en scène et sort en 2016 un film consacré à la vie de Jacques-Yves Cousteau, monument au XXème siècle pour ses expéditions à bord du fameux Calypso. Il faut être réceptif à un projet d’une telle dimension consacré à cette superstar dans le monde et surtout outre-Atlantique. Tourné aux quatre coins du monde, l’Odyssée traite d’une personne plus estimée à l’étranger que dans son pays.


Dans son long-métrage, Jérôme Salle nous décrit donc la vie en famille de Cousteau et surtout sa folle idée de rapporter au monde des images sous-marines. Puis viendra son souhait de réveiller l’opinion publique concernant l’avenir de nos mers avec son fils Philippe. Ce fils, interprété par l’éclatant Pierre Niney, est d’ailleurs l’un des éléments principaux et notre second fil conducteur après JYC. Nous nous focalisons sur ces deux protagonistes, qui s’aiment, se détestent et s’estiment mais qui connaitront plusieurs conflits. Ainsi, outre un biopic, ce film est aussi et surtout un drame familial.


Dans une telle perspective, la distribution doit être au niveau et est en grande majorité réussie. Des acteurs réputés (Lambert Wilson, Audrey Tautou, Pierre Niney) côtoient des comédiens plus discrets (Benjamin Lavernhe, Laurent Lucas) mais tout aussi convaincants. Lambert Wilson est très solide dans son interprétation.


Pour ceux qui veulent un film à proprement parler d’aventure au vue du titre, doivent s’attendre à une légère déception. Et quelques petits temps morts. Car même si nous suivons pendant de magnifiques moments l’équipage, on assiste à des prises de recul pour se concentrer sur le personnage de Cousteau et « l’harmonie » dans son foyer. Tout en voulant déboulonner la figure mythique que s’est acquise Cousteau en le mettant en position de simple homme, Jérôme Salle parvient à ne pas tomber dans le sordide notamment lorsqu’il évoque les relations extra-conjugales du Commandant.
Le film en lui-même n’est pas innovateur, il est fait comme n’importe quel biopic. Mais sa volonté de se fonder sur le conflit et de jouer la carte du talentueux Pierre Niney en tant que jeune premier brisé fonctionne. L’œuvre est hybride, situé entre le film à l’américaine et entre une œuvre dramatique française. Ce qui est très ambitieux.


Du point de vue esthétique, les plans aquatiques sont assez bluffants. De même, des beaux plans immersifs en Antarctique sont à noter. Des somptueux moments dans ces lieux uniques certes mais également des scènes qui se veulent magistrales notamment lors de l’annonce à la mère du décès de son fils, qui le devine aux sombres grimaces de l’équipage. En parallèle à ces belles images, le message en fin de film sur la nécessité de faire attention à notre environnement fait mouche. Sans être de loin un chef d’œuvre, c’est un bon film et on y passe un agréable moment.

Irénée_B__Markovic
7

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le 18 oct. 2016

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Ikarovic

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