Sur l’affiche du film, on peut voir un submersible sur le point de se faire avaler par un gigantesque poisson-chat ou encore de minuscules plongeurs aux prises avec des murènes géantes. De quoi attiser la curiosité d’un fan du cinéma de Jack Arnold ainsi que de films aquatiques.


     Tandis que des scientifiques d’une station sous-marine étudient les séismes et recueillent des données sur la faune et la flore dans les profondeurs de l’Atlantique, une secousse sismique se produit entrainant la chute d’une équipe de plongeurs dans une faille. Une mission de sauvetage est déployée mais doit faire vite car l’oxygène des éventuels survivants se réduit.


     A l’époque où le cinéma américain rivalise de films catastrophe, le film ne trouvera pas de financeur aux Etats-Unis et sera récupéré par le Canada qui met à disposition un matos considérable (une vraie station sous-marine, un vrai submersible, des photographes professionnels de clichés sous-marins, prêt de navires de l’armée etc…) pour mettre en branle un projet aussi excitant qu’ambitieux. Ajoutons à cela un casting charpenté : Ernest Borgnine (qui sort de L’aventure du Poséidon), Ben Gazzara (qui vient de tourner Husbands, de Cassavetes), Yvette Mimieux (La machine à explorer le temps) ou encore Walter Pidgeon dans l’un de ses derniers films.  


Globalement, L’odyssée sous la mer est une franche déception. La première partie est mollassonne, ne parvenant jamais à créer du rythme, ni sur le bateau ni sous l’eau, sans parler de ces incessants brefs allers-retours mal dosés. Il faut faire des choix : Chez Ronald Neame on ne quittait pas l’intérieur du bateau, jamais ! Ensuite il faut une équipe de personnages avec lesquels on entre en empathie directe du fait de la situation, et qu’importe s’ils sont bons ou mauvais, bienveillants ou agaçants, il faut qu’ils existent. Daniel Petrie ne parvient jamais à donner corps et vie à ses personnages qui seront les acteurs-spectateurs, héros-victimes de la catastrophe, comme dans La tour infernale, par exemple. Il y a un vrai problème d’incarnation ici.


Aveu d’échec supplémentaire : L’ouverture rejoue quasi méthodiquement l’ouverture de celle de L’aventure du Poséidon (auquel on pense sans cesse : l’affrontement permanent Borgnine/Gazzara n’est pas sans rappeler l’affrontement Borgnine/Hackman) sorti la même année, à la différence que la musique de John Williams est remplacée par celle de Lalo Schifrin. Une telle promesse se doit d’être merveilleusement relayée, par une écriture fine, des personnages imposants, une ambiance. Rien de tout cela ici : c’est l’ennui qui règne, en attendant que quelque chose se fissure. Et même lorsque la catastrophe se pointe, le film peine à rebondir, notamment via sa temporalité, gérant très mal ses ellipses et donc la course contre la montre qui s’impose en-dessous.


     Toutefois, le film nous réveille lors de la mission de sauvetage car il donne à voir cet inconnu des profondeurs, dans un découpage nettement plus heureux. Il manque évidemment un peu de technique pour que le dispositif impressionne mais il y a de l’excitation à plonger avec l’équipage de ce submersible, dans les abysses d’un gouffre sous-marin inconnu, renfermant des espèces gigantesques, promettant l’embrayage monstrueux du film catastrophe. Le film n’ose pas ou ne peut y aller, malheureusement et l’on s’en tiendra à quelques plans, quelques belles idées où l’on jongle avec les échelles et les maquettes. Et aussi, malheureusement, à de grosses invraisemblances.  


     Difficile de ne pas penser au sublime Abyss, aussi. Mais par respect pour L’odyssée sous la mer, mieux vaut ne pas trop y penser.


JanosValuska
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le 7 juil. 2022

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JanosValuska

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