Je l’ai souvent écrit, et le pense une fois de plus, les intentions généreuses et les bons sentiments polluent trop souvent l’efficience d’un film… Malheureusement, Icíar Bollaín est un peu tombé dans ce piège. Un peu, car malgré tout « L’olivier » n’est pas si mauvais, et reste assez plaisant. Plaisant raisonnant ici un peu comme le vocable « gentil ».


Le sujet était bien trouvé. Cette course folle d’Alma qui cherche désespérément à faire vivre un grand-père un peu perdu dans ce monde turbulent, séduit et touche la corde sensible. Et quoi de mieux que la parabole de l’olivier, symbole de longévité, de paix et de fidélité, pour illustrer le propos ! D’autant plus que l’arbre a la faculté de donner assez facilement dans le surgeon. C’est un film sur le passage et la transmission, d’une génération à l’autre, d’une époque qui se meurt alors qu’en émerge une autre…


Seulement, Paul Laverty (coutumier du fait notamment chez Loach) est un incurable optimiste. Il cultive à travers ses scénarii un goût de l’utopie superficielle et une trop grande réserve qui, s’ils ne sont pas recadrés par une mise en scène solide, donnent au film un petit côté niaiseux.


Les acteurs sont pourtant formidables, quelques scènes sont franchement émouvantes, mais il aurait fallu aller plus loin dans le discours, être plus offensif. A plusieurs reprises, l’action monte en puissance (la relation père/fille, le combat à petits renforts de réseaux sociaux…) et s’effondre pour laisser place à d’autres scènes. Ce qui fait que l’on finit (un peu comme Alma d’ailleurs) à croire mollement à ce qui se passe… et il suffit d’un rien pour s’attacher à d’autres choses plus captivantes (paysage, lumière, musique qui est d’ailleurs très belle…).


Bref, « L’olivier » ne dépasse guère le stade de la jeune pousse, c’est un film fragile. S’il fallait cultiver quelques références arboricoles, un film comme « Les citronniers » de Eran Riklis ou encore « Mon bel oranger » de Marcos Bernstein, très modestes eux aussi et aux sujets très proches, avaient plus d’envergure. Tout est question d’étayage…

Fritz_Langueur
5
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de 2016

Créée

le 22 juil. 2016

Critique lue 990 fois

6 j'aime

2 commentaires

Fritz Langueur

Écrit par

Critique lue 990 fois

6
2

D'autres avis sur L'Olivier

L'Olivier
GigaHeartz
6

El famoso Olivo

En découvrant la filmographie d'Iciar Bollain après le visionnage du film, ce ne fut pas tellement une surprise de voir En tierra extraña, un documentaire sorti deux ans auparavant consacré aux...

le 16 juil. 2016

4 j'aime

2

L'Olivier
iori
8

des racines et des larmes

Alma est jeune, enfermée dans un village où elle a grandi au milieu des oliviers et où elle élève des poulets. Le rêve. Enfermée mais pas résignée pour autant: elle en veut à son père d’avoir vendu...

Par

le 30 août 2016

2 j'aime

L'Olivier
Cinephile-doux
6

Virginité durable

Le scénariste de Ken Loach est à l'écriture de L'olivier et cela se sent dans ses résonances sociales et politiques. Le film d'Iciar Bollain se présente comme un conte et, du coup, court-circuite...

le 9 déc. 2016

1 j'aime

Du même critique

Ni juge, ni soumise
Fritz_Langueur
8

On ne juge pas un crapaud à le voir sauter !

Ce n'est pas sans un certain plaisir que l'on retrouve le juge d'instruction Anne Gruwez qui a déjà fait l'objet d'un reportage pour l'émission Strip-tease en 2011. Sept ans après, ce juge totalement...

le 12 févr. 2018

59 j'aime

7

120 battements par minute
Fritz_Langueur
10

Sean, Nathan, Sophie et les autres...

Qu’il est difficile d’appréhender un avis sur une œuvre dont la fiction se mêle aux souvenirs de mon propre vécu, où une situation, quelques mots ou bien encore des personnages semblent tout droit...

le 24 août 2017

56 j'aime

10

Tale of Tales
Fritz_Langueur
9

La princesse aux petites poisses...

Indiscutablement « Tale of tales » sera le film le plus controversé de l’année 2015, accueil mitigé a Cannes, critique divisée et premiers ressentis de spectateurs contrastés. Me moquant éperdument...

le 3 juil. 2015

48 j'aime

11