Le grand drame qui traverse L’Oncle Charles, c’est sa propension à mordre la cellule familiale sans que l’attaque ne révèle quoi que ce soit de la société contemporaine ici investie. Nous retrouvons donc les thèmes privilégiés du réalisateur, mais le propos vient à manquer : que nous dit cet oncle de l’hypocrisie humaine et française ? Pas grand-chose. Les personnages ne sont pas suffisamment cruels pour camper des caricatures attachantes, et ne disposent que d’une partition de jeu des plus limitées : tout le monde se balade en sous-vêtements, dans la confusion entre une apparente nudité et le mensonge à l’œuvre. La métaphore est lourde, guère satisfaisante. Nous avons davantage l’impression que Chatiliez se délecte de la bêtise ambiante, recourt aux classes moyennes et à leur sourde envie de s’enrichir pour mieux les ridiculiser en les mettant à nu. Et ce fameux oncle, aussi insipide en alcoolique qu’en faux naïf, erre dans des pièces mal meublées, perdu parmi la réunion de tout ce petit monde qui ne délivre pas la moindre émotion, pas le moindre rire véritable – bien que les religieuses fassent sourire, reconnaissons-le. Manque à L’Oncle Charles un propos cohérent qui lui aurait permis de justifier cette farce poussive et bêtement puérile.