1. Quelque chose à changé à Hollywood... Et ce western à très gros budget est intéressant car à travers ses défauts... et qualités, il traduit parfaitement ce moment de flottement à Hollywood où soudain l'usine à films s'est grippée. Avec l'arrivé du western spaghetti au milieu des années 60, le western de papa est soudain devenu has been. Il faut désormais montrer des méchants très méchant et des gentils, pas si gentils. Ici le film foisonne de personnages tous avides d'or. Et il n'y en a pas un pour rattraper l'autre. Même MacKenna, le héro, n'est pas exempt de défauts avouant aimer jouer au poker, boire et apparemment repenti de la soif de l'or pour l'avoir trop cherché durant des années.
    Pour diriger ce film, la Colombia fait un choix étonnant, Jack Lee Thompson, un réalisateur qui n'a jamais fait de western, mais qui sait dirigé une grosse production à grand spectacle ("Les canons de Navarone") et qui aime mettre en scène le sadisme ("Les nerfs à vif"). Deux qualités recherchées pour ce film.
    Celui-ci amène avec lui, tout un nouveau vocabulaire de mise en scène issue du film de genre à petit budget, mais qu'il applique avec brio dans ce film (la caméra embarquée sur le dos de Gregory Peck traîné par un cheval, le jeu de montage sonore des balles qui résonne en écho dans la vallée, ou encore plus étonnant : le vertige de la traversée d'un pont à corde en déformant physiquement l'image !). Il amène aussi une nouvelle esthétique, très fortement inspirée de la bande dessinée d'action. Les corps bodybuildés à la Tarzan des indiens ou les filles, tailles mannequins, à moitié dénudées, hyper sexy et bien trop maquillées pour aller dans le désert...
    Un western très inhabituel et donc très intéressant... sauf que...
    Arrivent les défauts du film. Assez nombreux. Le film durait 3 heures dans sa première version montée (inédite). Sincèrement trop long, le studio réduisit sa longueur, à 2h10... Et même là, on peut dire qu'il y a encore des longueurs. Il faut dire que la production à eu un peu trop d'appétit en engageant un bataillon de stars, même pour des rôles mineurs. Le scénario semble débordé par le nombre de personnages différents à traiter, comme s'il essayer de faire une version des "25 mercenaires". Résultat, le scénario piétine et les coupes de montages ont sacrifiés plusieurs personnages au passage.
    Après il y a les défauts techniques en dents de scie. Tourné en 70mm, le nec plus ultra en terme de qualité à l'époque, le film s'ouvre sur de magnifiques vues aériennes du désert en plan large. Mais dans des scènes d'actions (ou pas) on voit soudain des plans filmés en transparence devant un écran rétro éclairé à la définition vacillante. Où des effets de montage qui ne dupent personne, comme la descente des rapides... qui semblent d'un calme plat au moment de sauter du radeau...
    Enfin arrive la fin du film et la trouvaille de cette quête, qui n'a plus rien à voir avec un western ! Soudain nous sommes dans un pur film d'aventures. Effets spéciaux, matte painting, maquettes, poursuites, explosions, mysticisme, catastrophe... Toute la panoplie d'un film d'"Indiana Jones" est là...... et George Lucas aussi !!! Il a été stagiaire sur ce film... et à bien appris sa leçon. Il ne fera pas les mêmes erreurs...

Jean-FrancoisS
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le 16 janv. 2020

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Jean-FrancoisS

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