La rampe de lancement de Stanley Kubrick

L'Ultime Razzia (1956) est le troisième long métrage de Stanley Kubrick, et celui-ci est très loin d'être un mauvais film, au contraire, il est même plutôt bon.
Il faut commencer par dire que le budget de ce film est assez faible (300 000 dollars au total), il s'agit donc d'un film modeste pour le début de carrière d'un réalisateur, alors, il serait absurde d'en attendre un chef d'oeuvre absolu quand bien même il s'agit d'un film de Kubrick. Je prends donc évidemment ce critère dans ma notation finale.

L'histoire est plutôt prenante et bien conduite. Kubrick utilise la technique de la narration non-linéaire, ce qui a pour conséquence d'accentuer la tension du braquage au moment où celui-ci aura concrètement lieu. Il y a une cohérence parfaite dans la convergence des multiples actions de tous les personnages, et nous ne sommes pas du tout perdus en tant que spectateurs qui suivont l'intrigue. Le film ne dure qu'une heure vingt minutes, il faut donc être très méthodique et efficace sur le rythme, tout cela est très bien maîtrisé, on ne s'ennuie pas et on a plaisir à suivre ce spectacle, ce qui est fort plaisant.

Aussi, Kubrick nous dévoile déjà les facettes de son talent à moindre échelle avec des plans très sympathiques et des bonnes idées de mise en scène.

J'ai vraiment apprécié le couple Geroge et Stella, en particulier l'idée de mettre en place une femme aussi vénale, cupide et mauvaise que Stella, très bien interprétée par Marie Windsor. Cela amène une petite histoire parallèle qui m'a semblé intéressante à construire. De plus, il s'agit d'un élément non négligeable dans le dénouement de toute cette affaire, donc on ne peut pas lui reproche d'être profondément inutile. Le seul bémol concernant celle-ci, c'est bien sa fin qui m'a laissé de marbre... J'ai trouvé la dernière scène entre George et Stella particulièrement grotesque et même très mal jouée par Marie Windsor qui avait été irréprochable tout au long du film.

Cela dit, cet élément n'est pas crucial, et le film se termine sur une belle petite note ironique avec l'argent de la mallette qui s'envole dans les airs à la suite d'une minuscule cause assez absurde.

En somme, un film fort plaisant à suivre, très bien rythmé et maîtrisé avec des plans et une magnifique top. Kubrick annonce la couleur avec ce film, c'est d'ailleurs celui-ci qui lancera réellement sa carrière et je comprends entièrement pourquoi en l'ayant visionné. J'aurais voulu mettre 7,5/10 mais étant donné que le site l'interdit, je passe à 8/10 pour le pied purement subjectif que j'ai pu prendre et pour Kubrick.