Avec ses trois heures de durée et un discours que l'on devine militant, L'usine de rien fait un peu peur a priori même avec la promesse d'un final musical. Et on a raison de le craindre, ce film portugais effectivement engagé, et qui n'a pas peur de parler dialectique durant de très longs tunnels narratifs. Même si le film fait parfois preuve de légèreté ou s'aventure parfois sur le terrain de la comédie ou de la chronique sociale, il est clair que le réalisateur, Pedro Pinho, en fait avant tout un acte politique qui passe par des discours et des démonstrations dont on ne discutera pas la pertinence et l'acuité mais qui, à moins d'être prêt à écouter plutôt qu'à voir, ne devrait pas prendre le pas sur d'autres aspects, purement cinématographiques, eux. S'il se permet parfois quelques respirations bienvenues, L'usine de rien assomme par sa parole débordante. Et cela, sur près de 180 minutes, c'est assez difficilement supportable.