Que l'on aime ou non les films Harry Potter, il faut leur reconnaître une influence cinématographique révolutionnaire : dès leur sortie et la démocratisation progressive d'un genre à part-entière, le teenage movie, des dizaines et des dizaines de films plus mauvais les uns que les autres ont commencé à pondre sur nos grands et petits écrans. Twilight, 50 Nuances, le Labyrinthe (le moins mauvais d'entre tous), tant de films inoffensifs destinés à une unique chose : le profit maximum en arnaquant les jeunes.


Le principe est simple comme la pluie s'écoulant du ciel : utiliser toujours les mêmes codes (histoire d'amour agrémentées de triangles amoureux, société dystopique ou cadre d'évolution des personnages des plus hostiles), tourner chaque film comme l'épisode d'une longue saga plutôt qu'une oeuvre à part entière, ne jamais sortir des sentiers battus.


Des fois, le résultat peut s'avérer convaincant; on se souviendra du premier Labyrinthe, un film certes inoffensif et sans personnalité mais un bon divertissement tout de même, qui permettait de passer un bon moment sous tension. Seulement, le rendu final est, pour la plupart du temps, affreusement raté : en témoigne La 5ème Vague, affreuse oeuvre au but purement commercial qui se rate sur pratiquement tout ce qu'elle entreprend.


D'un niveau de clichés dégoûtant, le film de J Blakeson n'en rate pas une pour aligner les pires stéréotypes poussifs imaginables : le héros hybride qui se retourne contre les méchants suite à des révélations trashs et cruelles, l'héroïne qui retrouve son amour du lycée (détail au demeurant pas du tout prévisible dès l'introduction), le méchant tout méchant que l'on avait vu venir à des kilomètres, les retournements de situation sur retournements de situation qui font perdre toute crédibilité à l'ensemble (et son par ailleurs toujours détectables), et le fameux triangle amoureux gerbant dont on parlait plus haut.


En plus d'un manichéisme à toute épreuve et de repompes totales d'autres grandes oeuvres du post-apo (de Walking Dead à Mad Max, en passant notamment par La Guerre des Mondes et Marionnettes Humaines de Robert A. Heinlein), La 5ème Vague parvient à rater ses scènes d'action en les filmant avec une terrible banalité. Parce qu'au final, le film n'a pas de style; non pas qu'on lui en demandait, on s'en doutait bien qu'il n'en aurait aucun; non, c'est surtout qu'il s'empêche dès lors de marquer l'oeil du spectateur, de se trouver un semblant de personnalité au sein d'un sous-genre déjà suffisamment sur-occupé pour rajouter une pierre inutile à l'édifice.


Et c'est exactement ce qu'est la 5ème vague : un caillou de plus jeté dans l'eau, un potentiel perdu qui ne tenta jamais de s'élever de sa condition d'oeuvre random en sortant des sentiers battus. On tombe donc sur une oeuvre formatée prévisible du début à la fin, sans aucune attention de prêtée aux personnages tant ils sont mal écrits, sans profondeur et très peu intéressants. Il sera aisé de deviner ce qui fera avancer le scénario, les liens qui lieront ensuite tel ou tel protagoniste avec tel ou tel second couteau.


C'est du banal, du consommable ayant dépassé la date de consommation : on est rapidement dégoûté, écœuré par tant de bêtise et de vide. De fait, les acteurs n'aident pas : dirigés n'importe comment, ils n'ont rien à faire de leur interprétation ou ne savent tout simplement pas comment la gérer. Insupportable Chloë Grace Moretz (que j'apprécie pourtant dans ses autres films), inintéressant Nick Robinson.


Il manque clairement une figure forte au film, des acteurs charismatiques avec de la personnalité : vides et sans saveurs, ceux de l'oeuvre ne se démarqueront jamais vraiment, restant tout du long dans un manque qualitatif flagrant. Ce n'est pas Liev Schreiber qui viendra me contredire, encore moins bon ici que dans X-Men Origins. Triste.


Mauvais, stéréotypé, poussif et jamais original, La 5ème Vague est un film qui manque de personnalité dans sa mise en scène, ses acteurs, son écriture. Vide et pathétique, il ne tient jamais le spectateur en haleine, et se termine dans une fin ouverte prévoyant clairement une suite, voire même plusieurs.


On tient ici tout ce qui est détestable dans les teenage movie, le tout réunit dans un film de deux heures beaucoup trop long pour ce qu'il a à raconter, et beaucoup trop bête et incohérent pour qu'on puisse le prendre un tant soit peu au sérieux. L'imagerie même de ce qui déconne dans le genre et le cinéma de divertissement des années 2010.


Un naufrage.

FloBerne

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