Les personnages des fictions de Werner Herzog font souvent office de contraste vis a vis de l'environnement qui les entourent. Ce choix soulève plus facilement des questions sociétales et souligne notamment un certain défaut d'adaptation chez les protagonistes (Aguirre, Woyzeck, Fitzcarraldo...). Dans La ballade de Bruno, cet autisme sert surtout à dévoiler le refus d'un homme a participer à la violence et surtout d'en être victime. Que ce soit de la violence physique dont il fera régulièrement l'objet avec son amie Clara de la part de deux truand à Berlin ; ou de la violence morale qu'il subira lors de sa nouvelle vie aux États-Unis. Une violence précaire ; violence exercée par les banques ; une violence capitaliste.
Le voyage de Bruno peut être perçut comme une quête pour l'adaptation qu'il n'arrivait pas à atteindre dans son pays natal (l'Allemagne), mais qui lui sera également refusée de l'autre côté de l'Atlantique. Tout ceci se déroulant dans un rythme particulièrement calme et posé, accompagné d'une chanson de boite à musique revenant régulièrement.
J'aime beaucoup l'ambiance étrange du film, proposant une mise en scène onirique. Une ambiance à la fois comique, émouvante, divertissante, belle et ravageante. Au final, ce film me rappelle le refrain du morceau Vivre libre ou mourir des Bérurier Noir : " Et quel futur, entre quatre murs ?! (...) Et quelle société pour les gueules cassées ?!" À méditer, mais surtout à voir.