Ce genre de film me rappelle pourquoi j'aime vraiment SensCritique. Parce que ce bon vieux site m'est vraiment utile pour construire ma culture cinématographique et m'a permis d'excellentes découvertes inconnues au bataillon jusqu'alors. Cette Barbe à Papa, chaleureusement recommandée par plusieurs de mes éclaireurs, en fait partie.


La première chose à laquelle j'ai pensé en entendant parler du film, en sachant qui est la tête d'affiche, c'est "lui, il a beau faire, il fait toujours du Ryan O'Neal", comprendra qui pourra. Bref, je ne savais pas trop de quoi il retournait, si ce n'est que j'ai eu ouïe dire que le pitch a bien inspiré un épisode d'une de mes séries favorites, et là encore je pense que ceux qui me connaissent bien savent de quoi je parle. La surprise en a été d'autant plus grande.


Un beau road movie teinté d'un peu de feel-good movie, en plus d'être un sacré drame mélancolique, le film suit l'histoire d'un tandem formé par Ryan O'Neal (Moses) et sa fille Tatum O'Neal (Addie), l'un campant un escroc à la petite semaine vivant de ses combines, particulièrement le coup de la bible soi-disant achetée par des maris fraîchement décédés, et l'autre jouant une petite fille à la bouille d'ange pourtant étonnamment précoce et qui cache des choses moins mignonnes (elle fume et elle n'hésite pas à donner un sacré coup de pouce aux arnaques de Moses), persuadée d'être la fille de Moses parce qu'ils ont le même menton.


Ce duo de choc est clairement un des gros atouts du film, cette complicité entre les deux personnages étant tout bonnement délicieuse. Il est drôle de voir cette petite fille à première vue adorable mais qui se révèle pourtant une alliée de poids dans les arnaques de son supposé papa. Tatum O'Neal est d'un naturel incroyable et campe à merveille son rôle de jeune fille aussi tendre que culottée. Je dirais même qu'elle en volerait la vedette à Ryan O'Neal, pourtant lui aussi excellent et bien dans la peau de son personnage.


Le fond de Grande dépression se révèle très bien exploité, on s'immerge facilement dans le cadre grâce à la réalisation aux petits oignons de Peter Bogdanovich, tirant superbement profit du noir et blanc et donnant un look rétro non négligeable au film, et à la façon dont le thème est évoqué, directement ou non, à plusieurs reprises, ce qui rajoute du cachet à la caractérisation des personnages et à leurs motivations.


La Barbe à Papa jongle habilement entre les émotions suscitées, passant de la comédie gentiment cocasse au drame attendrissant et mélancolique sans difficulté. Les diverses combines de ce duo d'anti-héros sont très amusantes à regarder, mais le film n'en oublie pas de provoquer une certaine tendresse à l'égard des deux personnages chez le spectateur, qui va en s'amplifiant, jusqu'à cet excellent final qui évite brillamment le manichéen dans lequel il aurait pu se fourvoyer.


Peter Bogdanovich signe un excellent et très joli film, particulièrement attachant et superbement mené, dont la tendresse saura en toucher plus d'un. Dommage qu'il soit trop méconnu, je vous conseille donc de faire ce que j'ai fait : écouter les bons conseils et foncer voir ce film illico. Vous ne le regretterez pas.

NickCortex
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le 6 avr. 2017

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Nick_Cortex

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