La Baule-les-Pins par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Frédérique et Sophie, sa petite sœur, attendaient les vacances à La-Baule-les-Pins avec beaucoup d'impatience. L'école est derrière elles.Le soleil, le sable fin, les jeux et la villa sont prêts à les accueillir durant ce bel été de la fin des années cinquante.
Un seul détail et pas le moindre vient contrarier très fort ce qui devait être la fête et l'exaltation des vacances. Papa et maman ne profiteront pas de ce bonheur pour des raisons personnelles. Ils ne feront pas le voyage. Seule Léna, la maman, sera sur le quai pour un au revoir et Michel , le papa, ne sera pas présent. C'est les larmes aux yeux que les enfants partiront vers la mer en compagnie de Odette, une jeune "bonne" qui n'engendre pas la tendresse et la finesse.
Les vacances commencent bien mal malgré leur tante, leur oncle et leurs quatre cousins qui les attendent avec impatience...


Eh oui, il y a bien le ciel, le soleil et la mer, il y a bien des cousins complices et prêts à passer un joyeux moment de retrouvailles. Leurs parents Léon et Bella qui porte dans son ventre une autre future progéniture s'y rejoignent chaque année . Néanmoins pour les deux frangines le cœur n'y est pas trop et le "cahier intime" de Frédérique reçoit des émotions très mitigées, un peu de joie tout de même mais aussi beaucoup de rage et de peine.


Lorsque qu'un couple se disloque la situation est souvent vécue comme un drame et c'est justement le cas de Léna et Michel . Elle ne peut plus supporter, à juste titre, son machisme qui la pousse à bout . La situation est telle que Léna est tombée dans les bras de Jean-Claude, un homme séduisant et attentionné qui se dit artiste. La procédure de divorce entre les parents devient inévitable.


Du coté de la Baule la vie s'écoule tout de même entre jeux, farces et disputes avec l'intraitable Odette. Léna est contrainte de venir à son secours. Le "Club Mickey" bien en vue sur la plage fait le bonheur des abonnés et parfois leur malheur. Quant au bassin de poissons rouges de la location il est l'objet d'un traitement de suppositoires, au grand désarroi du propriétaire! Puis l'aîné des cousins entraîne la petite troupe vers une mystérieuse "cabane des tortures" en forêt et cette idée ne manque pas d'intérêt pour l'imagination fertile des enfants. Un bon gros chien trouvé est adopté par la famille et offre un peu de tendresse aux deux frangines. Ajoutez à tout cela les premières amourettes d'été si touchantes de naïveté et vous avez toutes la panoplie d'une période réussie. Mais Jean-Claude arrive et plante sa tente dans les environs. Léna est aux anges et aime rejoindre son amant sous la toile, se faire cajoler, parler aussi d'avenir.
L'irruption inattendue de Michel venu se repentir et reconquérir le cœur de Léna va faire l'effet d'une bombe lorsqu'il sera obligé d'en conclure que la décision de son épouse est définitive. La situation va dégénérer et Frédérique en plein milieu du conflit notera certainement un nouveau chapitre en noir sur son "cahier intime".


J'aime beaucoup la réalisatrice Diane Kurys car elle nous touche dans beaucoup de ses films par les sentiments, la tendresse et la nostalgie de son enfance. Ici, le climat des stations balnéaires des années cinquante-soixante est tout à fait réussie.
Ce film n'est pas d'un style léger comme certains l'exposent. C'est aussi un film grave car dans une tranche de vie les moments sont différents, bons ou mauvais et il arrive le jour où l'on a besoin de les confier. Pour ma part Diane Kurys a réussi à me convaincre.
Néanmoins un bémol m'a beaucoup dérangé, c'est le sort du brave chien que l'on abandonne en l'attachant au pied d'un arbre et qui regarde s'éloigner tristement la petite troupe emmenée par Odette. Était-ce bien utile de rajouter ce passage cruel ? Je n'en suis pas persuadé.


Je voudrais évoquer les acteurs qui campent à merveille des personnages. Ils entrent dans la galerie des portraits de l'époque par leurs attitudes et leurs réflexions à commencer par l'oncle et la tante, Jean-Pierre Bacri et Zabou Breitman, qui forment impeccablement le couple de français moyens du moment. Léon ayant sans cesse le mégot à la bouche rêve à une jeunesse plus utile à l'usine, l'emblème du travail, qu'aux études qui ne servent à rien, et Bella n'a de cesse de tomber enceinte, par fierté de repeupler la France. Parmi ses enfants le petit "Titi" ,le plus jeune de la bande, est toujours à la traîne à cause de ses lacets. Le couple en pleine discorde, Léna et Michel , est idéalement dépeint par Nathalie Baye et Richard Berry . J'accorde une mention particulière pour la belle interprétation de Julie Bataille, leur fille Frédérique, vivant en compagnie de sa petite sœur une période traumatisante. On retrouve également Vincent Lindon dans le rôle de Jean-Claude et Valéria Bruni-Tadeschi dans celui de l'exaspérante Odette.


Voici donc une recommandation de ma part afin de passer un bon moment, reconstituant fort bien le souvenir d'une époque "couleur sépia" pas si lointaine avec ses joies et ses peines. Une époque où nous commencions à rentrer dans une nouvelle ère, celle des amours de vacances, celle où les familles aimaient à se retrouver, celle aussi où les femmes commençaient à s''émanciper et s'exprimer, celle de la lutte des classes, celle où les hommes commençaient à comprendre enfin qu'ils n'étaient pas partout les "maîtres du monde" notamment dans leur foyer.


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Ma note: 7/10

Créée

le 14 mars 2021

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