La cabane au fond du jardin
Je ne suis pas un fan de Joss Whedon, je n'ai jamais vu aucun épisode de Buffy ou de ses autres séries. J'ai beaucoup aimé Cloverfield, scénarisé par Drew Goddard, mais je le vois plus comme une expérience extraordinaire qu'un film qui brille par son scénario.
Je n'ai pas attendu Cabin in the woods pendant 3 ans. En fait je ne m'y intéressais pas avant de voir cette série d'affiches bien cools qui comportaient des slogans en deux phrases : la première exposant une situation-type du cinéma d'horreur, la seconde évoquant la réaction débile qu'ont souvent les personnages de ces films.
Rien qu'avec ça, j'ai vu du potentiel en ce film, espérant y voir le nouveau The blob (le remake, que je ne peux que fortement recommander aux habitués de films d'horreur) dans le genre des oeuvres aptes à repérer les clichés du genre horrifique et de les détourner intelligemment. C'est ça que j'attendais du film, et au vu des autres slogans qui ont suivi, c'était son intention aussi.
Peu importe que les trailers foutaient la confusion avec un concept qui me rendaient plus que sceptique de scientifiques observant les jeunes ou quoi, j'avais placé ma confiance en ce film, juste pour une campagne de pub assez maline, en fait.
Le film début en nous balançant des situations et des personnages totalement clichés. Un groupe de jeunes hétéroclite et dont chaque composant relève plus de la caractéristique que du personnage : le jock, la bimbo, la vierge, le drogué, et l'intello/black (ou comment avoir 2 persos types en 1).
Toute l'introduction du film est tout sauf subtile. Je me suis dit "ouais, mais bon, c'est pour détourner les clichés, blablabla", tant qu'il y aurait à un moment un recul par rapport à ces stéréotypes, j'étais ok. Et finalement, il n'y en a pas pour tous. Les personnages caractérisés comme "le mâle alpha" et "la blonde idiote" ont leur justification, qui est amusante et que j'ai trouvé assez intelligente, dans le même genre que le "pheromon mist" qui explique en même temps pourquoi les jeunes ont la libido qui explose et pourquoi il y a ces fumées inexplicables dans les scènes de forêt. Mais certains clichés demeurent des clichés repris d'ailleurs : aucune raison pour que l'héroïne soit en petite culotte à sa fenêtre dès qu'on la voit, et le personnage du redneck fou et vulgaire n'est rien d'autre qu'une caricature, comme dans ces films que The cabin in the woods est censé contrebalancer.
J'ai bien aimé que le personnage du drogué soit celui le plus lucide, et qu'on le voie avant même qu'il ne se rende compte qu'ils sont manipulés rien qu'à travers ses théories qui font de lui quelqu'un d'assez intelligent malgré tout. Mais j'ai apprécié parce qu'il s'oppose à ce qu'on voit d'habitude, par contre ce n'est pas un personnage logique pour moi. (et puis bon, ces conneries du genre "ce qu'il fume rend inefficaces nos produits", plus tard...) C'est quand même celui à qui on s'attache le plus, grâce à ça. Mais sinon, on n'en a vraiment rien à foutre des personnages.
Ce qui aurait été malin, pour se démarquer des slashers classiques, ça aurait été de ne pas réduire ces personnages à des clichés qui ne servent finalement qu'à être des victimes, mais leur donner une personnalité, ce qui leur est généralement refusé.
Ca n'aurait pas été si grave que ça sans ce moment où l'un des scientifiques qui observe la bande de jeunes se dit de la vierge qu'il aimerait la voir survivre, qu'elle a un gros cœur, ... bullshit ! Ca ne marche pas car on n'a rien à foutre de ce qui lui arrive, on ne lui a donné aucune personnalité (par contre on l'a vu en culotte), et on sent d'autant plus venir le gag où le scientifique interrompt ce "moment émotion" pour une broutille. Double fail.
En plus ça me fait penser que les scénaristes n'ont pas su choisir, avec cette situation, entre comédie et drame. Et pour moi, un traitement 100% sérieux aurait été beaucoup plus efficace.
Le film a mis 3 ans à sortir, et je trouve ça triste en voyant à quel point il paraît bâclé. J'avais l'impression que les scénaristes ont sauté des étapes, notamment pour que leurs personnages soient consistants. C'est pareil à la fin, où un des personnages veut tuer son ami, et même pas 5mn plus tard ils sont assis tous les deux l'un à côté de l'autre, et celui qui pointait un pistolet sur l'autre lui dit "t'avais raison, l'humanité..." Mais d'où ça sort ?! C'est pas comme si en si peu de temps, son avis avait pu changer grâce à une réflexion sur l'Homme, etc. Surtout vu ce qui se déroule entre ces deux moments.
Et les dialogues de début de film, en plus d'échouer à nous faire nous attacher aux personnages, n'ont aucun sens. Ou alors ces deux éléments sont liés... oui, probablement.
Bon, au passage, pour ceux qui se sont demandé "wtf, qu'est-ce qu'elle raconte", la blague de la bimbo blonde quand son mec la voit avec des bouquins d'études, c'est une référence à ça :
http://www.youtube.com/watch?v=Y-Elr5K2Vuo
Pour le reste, ne cherchez pas, je pense que c'est juste confus sans être référentiel.
Les jeunes qui disent partir avec pour intention de "disparaître du réseau", traduction : se retrouver dans un lieu où les portables et le GPS ne marchent pas... c'est tellement gros, et tellement con, on peut vouloir se déconnecter du monde moderne, mais de là à ce qu'un groupe de 5 ados veuille ne même pas pouvoir passez un coup de fil...
Et on sent la justification à deux francs Zissou pour remédier au fait qu'on ne soit plus dans les 80's où l'on ne pouvait pas appeler des secours par portable.
Et s'il y a un film des années 80 auquel Cabin in the woods fait référence, avec une abondance telle que c'en est abusé, c'est Evil dead. D'ailleurs le titre fait penser à Within the woods, moyen-métrage de Sam Raimi qui est à la base de sa trilogie avec Bruce Campbell.
Sur le tableau des paris des scientifiques de Cabin in the woods, on peut même voir écrit "angry molesting tree"...
Bon sinon, c'est plutôt marrant les allusions au slashers, mais pendant un certain temps, surtout qu'au final le film n'apporte rien de nouveau par rapport à ce à quoi il fait référence.
En fait, même, en voulant se moquer de ces archétypes idiots du slasher, Cabin in the woods se montre encore plus débile, avec son histoire sans queue ni tête de scientifiques qui, partout dans le monde, piègent des jeunes pour les sacrifier à des dieux maléfiques, les "Anciens", pompés dans l'imaginaire de Lovecraft. Un des types dit à un moment "tu te souviens de l'époque où on jetait juste une femme dans un volcan ?" (ouais, j'ai pu comprendre ça malgré les sous-titres de merdes qui font croire qu'il parle de zombies) Mais... si le gouvernement est dans le coup, qu'est-ce qui les empêche de faire juste ça ?
C'est complètement crétin qu'ils se fassent chier à garder des monstres divers dans des boîtes pour les envoyer sur des jeunes qui se font piéger. Et en plus c'est filmé, mais pourquoi ? On nous évoque des "clients", mais quels sont-ils ?
On ne nous explique rien, on doit juste deviner ; moi j'aurais bien imaginé que les vidéos servent à être montées dans des films d'horreur, mais le film n'en aurait pas été moins con. On se retrouve devant un scénario complètement grotesque qui me fait penser à un délire entre deux potes scénaristes, qui se sont dit "eh t'imagines si en fait les films d'horreur avaient des caractéristiques propres dans chaque pays parce que ce seraient des images prises par des scientifiques qui, chaque année, produiraient des expériences suivant à chaque fois le même schéma ?!". Et ils se sont emballés, sans tenir compte des incohérences que cache une telle idée.
Comment expliquer aussi qu'où qu'un personnage meure, il y a un mécanisme sous lui qui permet de faire couler son sang dans une salle de rituel ?
La seule bonne chose que cette idée de film d'une telle bêtise a de bien, c'est qu'elle permet ces scènes où des monstres en tous genres sont lâchés sur quelques frêles humains. Mais cette idée, indéniablement la meilleure du film, est trop peu exploitée. On n'en voit pas assez, alors qu'il aurait fallu y aller jusqu'au bout et vraiment se lâcher. Et dans ces scènes, comme dans le reste du film, on ne voit pas bien le gore, soit parce que ce n'est pas filmé de sorte à le mettre en valeur, soit parce que l'image est trop sombre.
Que c'est frustrant !
Et un film pareil, avec de telles intentions, comment peut-il tomber dans le piège des jump-scares ?! J'ai cru que ça allait être tourné en dérision vu le tout premier, complètement gratuit, en début de film, mais en fait non, le film nous donne de vrais jump-scares de merde (pléonasme, oui) par la suite.
Pour moi ce film est presque merdique. Presque, parce que les monstres en cage, c'était cool. Mais même cette idée, qui aurait pu un peu sauver le film, est en partie sabotée.
Je suis vraiment déçu, j'avais tant d'espoir en ce film ; c'est fou comme il se tire dans le pied, en voulant détourner des clichés et en tombant dans le panneau pour pleins d'autres, voire même certains qu'il pense tourner en dérision. Ca se veut malin, mais en fait c'est très idiot.
Ca m'a vraiment dégoûté.
Allez-voir The Blob ou Tucker & Dale vs evil, pour voir ce que The cabin in the woods prétendait être.
PS : Je suis content que le cameo vers la fin n'ait pas été dévoilé où que ce soit. Ca a fait que j'ai été sincèrement surpris. Pas comme pour Zombieland, où on parlait du cameo dans chaque critique qui paraissait, même dans les journaux...
