Au service du diable

Voilà un film que beaucoup n’aiment pas, et il y a beaucoup de raisons pour cela.
Je ne me suis pas ennuyé un instant, et j’ai beaucoup, beaucoup ri. D’un point de vue comédie d’horreur, je l’ai trouvé excellent. C’est là toute la force de ce film : a aucun moment il ne se prend au sérieux, si bien que j’ai accepté qu’il parte dans tous les sens et soit incohérent, parce qu’il faisait au moins le job du divertissement, sans prétention. On notera en plus des références sympathiques à ses nombreuses inspirations, jamais lourdes et toujours au service de l’histoire.
Mais il y a un paquet de défauts.
Le concept est une bonne idée, mélanger le Truman Show avec Cube pour une entreprise de sacrifices au service du diable, il y a de quoi s’amuser. Malheureusement, c’est sous-exploité et traité avec maladresse. Le scénario, qui plus est, est truffé d’incohérences assez énormes, qui ont m’ont parfois fait tiquer.
Mais le plus gros point faible, selon moi, reste la direction artistique. La galerie de monstres aurait pu être incroyable, elle est juste correcte. Voire fade et trop numérique. Gros manque de créativité. J’aurais (beaucoup) aimé voir ce film tourné dans les années 80/90, avec un John Carpenter ou un Sam Raimi aux commandes. C’aurait sans doute été incroyable.
En résumé, la Cabane Dans Les Bois est sauvée par son humour voyeur et débridé, qui s’amuse avec ses personnages et m’a séduit et emporté. Mais qui, malheureusement, cache toutes ses faiblesses.
Un point positif est qu’il arrive à surprendre, notamment avec sa fin. Qui aurait peut-être gagné, cependant, à être une fin ouverte : nous laissant avec le lourd choix que les personnages doivent faire.

Maintenant, voici mes propositions pour le remake que je rêverais de voir :
(A partir de là, ça spoile sévère, mes choupinous !)

-Quand les deux survivants trouvent l’accès et libèrent tous les monstres, c’est absurde. La sécurité d’un tel complexe ne peut pas être autant en carton. Donc, on supprime ça, et on met un personnage qui a planifié ça de l’intérieur, parce qu’il ne supporte plus de faire partie de ce système.
-On s’amuse encore plus avec le groupe de survivants et le voyeurisme des organisateurs du sacrifice. C’était un des points forts du film, mais on peut aller plus loin.
-Pour les monstres, on se fait plaisir avec des trucs difformes, le bon équilibre numérique/carton-pâte et beaucoup de gore rigolo, façon The Thing, Evil Dead & Cie. Pour la galerie finale, plus de diversité. On passe commande aux créateurs qui sont derrière le Labyrinthe de Pan, Alien, The Thing, et d’autres chef-d’œuvres, et on rassemble leurs créations, pour un mélange dingue.
-Pour les scènes d’action et les situations horrifiques, je mets l’équipe qui orchestrait celles de la série Ash vs Evil Dead, pour des situations complètements loufoques, trash à souhait et surtout… marrantes. Et on garde la licorne qui empale un type, parce que l’idée est trop bonne pour être virée.
-Et quitte à se faire plaisir… A la réalisation : Paul Verhoeven, pour son art de la satire, et sa capacité à faire du subtil camouflé en bourrin.

Voilà, un truc comme ça. Beaucoup de films d’horreurs sont des pépites de créativité, et c’est quand ils ne se prennent pas trop au sérieux qu’ils sont les meilleurs pour moi. J’ai eu la bonne idée de me faire le remake 2012 d’Evil Dead, que j’ai trouvé médiocre, obscène et inutile, juste avant de mater La Cabane Dans Les Bois, qui, s’il n’est pas aussi bien qu'il aurait pu l'être, se moque quand même bien de ce genre de navets, et fait un bon défouloir.
Je retiens un film cynique et débridé, qui m’a beaucoup fait rire, m’a diverti, et m’a fait réfléchir sur ce que j’aime ou n’aime pas dans les films d’horreur.
Certains le trouveront nul, d’autres moyen, d’autres génial. Pour moi, il est un peu les trois à la fois.