Chair : c'est comme celle de la saucisse, elle finira en boite (William Saurin)

Cette chair qui m'est chère ?

Au-moins les spectateurs qui regarderont Charlotte Rampling (1946) pourront de visu confirmer comme moi, la certitude de son appartenance à la gent féminine : jamais avare de ses charmes, la belle ne nous cache rien de son anatomie, même si ça n'ajoute rien au récit de ce film ! Pas même créer une surprise puisque dame censure avait pactisé en 1975, depuis belle lurette avec le diable en autorisant les films pornos... La censure fut vaincue...

Petite gâterie pour le cinéphile superflue, mais appréciable puisqu' offerte par le réalisateur Patrice Chéreau (1944-2013) , qui fut aussi metteur en scène de théâtre et d'opéra, scénariste, producteur de cinéma et acteur français. C'est ici son premier film dont il coécrit le scénario avec Jean-Claude Carrière (un autre touche à tout) d'après un roman éponyme de James Hadley de 1948. La gestation aurait-elle été longue ?

Livre que je n'ai pas lu : mal m'en a pris comme on le verra...

Ca démarrait pourtant bien, comme dans les meilleurs suspens dramatiques...

Premières images glaciales avec un paysage sinistre, des images du jour qui s'éteint, des orages qui éclatent comme on n'en entend qu'en Ardèche lors des étés secs...

Puis un cri dramatique qui semble émaner d'une masure lugubre et qui rappelle une ambiance à la Frankenstein...

Ce film s'annonçait sous les meilleurs augures et on se surprend à s'accrocher aux accoudoirs de son fauteuil... ou à ce qu'on a sous la main...

Ce vagissement nocturne est en fait le cri de détresse d'une femme violée, et se fond en duo avec le hennissement d'un cheval en liberté devant ladite masure.

Très beau, très grand...

C'est un des points forts de ce film :les images sont superbes, ce qui a valu à Pierre Lhomme (1930-2019) d'être césarisé pour la photo.. Tout comme les décors l'ont été aussi.

Et puis après tout va très vite ! Chéreau manipule ses acteurs comme des marionnettes. On plaint Rampling qui n'a pas dû conserver de bons souvenirs de ce tournage... Mais elle n'est pas la seule. Et puis ensuite, je n'ai plus rien compris de cette histoire sinon que tout le monde court toujours, qu'il y a un dangereux criminel dont le métier était le lancer de couteau, au cirque, sur une cible tournante et vivante... ( Y'a un truc comme disaient les illusionnistes)

Ne voulant pas mourir idiot, je me suis ensuite documenté un peu plus sur ce récit qui n'a désormais presque plus de secrets pour moi, sans toutefois avoir lu le bouquin probablement introuvable, mais est-ce bien utile dans la mesure où les réalisateurs trahissent souvent l'adaptation des livres dont ils s'inspirent ?

Un mystère subsiste ; pourquoi Chéreau a-t-il accouché d'une histoire aussi morne, morbide, de manière aussi compliquée, avec moult scènes d'horreurs sadiques comme ces yeux crevés et autres friandises sanguinaires...

Qu'est allé faire Cremer dans cette galère noire, auquel on confiait souvent des rôles de méchant souvent inadaptés à son talent, alors qu'il pouvait être sublime comme dans "Noce Blanche" ?

Par contre, autre coup de chapeau au casting, avec une rare accumulation de "gueules de cinéma" franco-germano-italiennes comme on en voit rarement, dont certains parfois nus comme des vers" et ce encore, bien inutilement... Comme ce jeune éphèbe qui m'a semblé français, aux longs cheveux noirs et ressemblant à Théo Sarapo, sur lequel je ne suis pas parvenu à mettre un nom, même en épluchant les castings...

Chapeau aussi et entre autres à Hans Christian Blech que les femmes craindraient de rencontrer le visage si typé de François Simon...

C'est le dernier film de Edwige Feuillère (1907-1998) artiste très réputée en son temps et qui joua beaucoup au théâtre....

Il semblerait que la seule survivante de ce générique soit une de mes voisines : la tourquennoise ch'ti Jenny Clève, qui a fêté ses 92 printemps en avril 2022 et que j'espère en bonne santé. Comme ici, elle jouait souvent (trop) les soubrettes, les serveuses ou employées de maison. On l'a vue aussi en clin d'oeil dans "Bienvenue chez les ch'tis" de Dany Boon...

Dont je me demande si elle a conservé ses talents culinaires ?

Bisous ma Jenny !

Arte le 10.08.2022-

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le 14 août 2022

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