Enrique Buchichio réalise son premier film dans le cadre d’une co-production Uruguay/Argentine.

Leonardo, 20 ans (interprété par Martin Rodriguez, acteur argentin), a quitté la maison familiale. 

Il vit à Montevideo dans un appartement en co-location. Il souhaite, tout simplement, qu’on l’appelle Leo. 

On découvre rapidement qu’il a de plus en plus de difficulté pour refouler son attirance pour les garçons, ce qui perturbe sa relation sentimentale avec sa petite amie. 

Un jour, il croise  au supermarché, Caro, une ancienne élève de l’école primaire qu’il n’avait jamais  revue. Pourtant, à cette époque, ils étaient très proche d’autant qu’il en était tombé amoureux. Son frère de trois ans p!us âgé, était quant à lui dans la même classe que la soeur de Caro. Ils reprennent donc contact et se voient régulièrement, ce qui lui permet de se rendre compte que Caro est dépressive. Il va donc chercher à comprendre la raison de son traumatisme, dans l’espoir de pouvoir l’aider à le surmonter.

La chambre de Leo est louée dans l’appartement de Felipe. C’est un jeune homme énigmatique malgré ses yeux vifs et perçants. Il semble être en retrait de toute vie sociale puisque lorsqu’il apparaît à l’écran il est systématiquement présenté assis sur le divan, face à la TV.   

Dans la chambre de Leo, il y a une affiche qui porte une inscription en italien « Entre les maisons de la vie et la magie du ciel, je cherche la liberté ». Cette épigraphe exprime tout à fait sa recherche personnelle de libération et d’accomplissement.

Leo commence une thérapie d’inspiration psychanalytique, de fauteuil à fauteuil, auprès de Juan, un psychologue épatant. La répétition des séances développe harmonieusement  l’intrigue en ritualisant ainsi chaque avancée du scénario.

Leo rencontre un garçon uruguayen de 26 ans, Seba, qui assume parfaitement sa différence. Malgré  les hésitations de Leo, il fait preuve de patience, de gentillesse car il est amoureux de Leo et comprend sa difficulté d’être. Ils ont tous deux, un charme fou.

La mère de Leo est aimante et attentive. Pour l’anniversaire de la mort de son père, il l’accompagne au cimetière Nécropolis de Montevideo. Devant la sépulture, Leo demande à sa mère ce que son père penserait de lui aujourd’hui. Elle lui répond « Regarde, mon fils est devenu un homme ».

Lors d’une nouvelle séance avec son psychologue, c’est avec des larmes aux yeux qu’il trouve les mots pour dire que sa nouvelle rencontre amoureuse est un garçon, Sebastien. Ce dire va évacuer sa peur de décevoir les autres en raison de son choix d’aimer.

Il va réussir, par sa détermination, à rencontrer le beau-frère et la soeur de Caro. Persuasif par sa délicatesse et son engagement, ils lui font confiance. Ils lui livrent les éléments du drame qui ont causé  le déchirement entre les deux soeurs. La réconciliation advient. Caro retrouve le goût de vivre.

La dernière séquence du film est en tout point remarquable. Leo emprunte la voiture de son frère afin de se rendre dans les espaces naturels à proximité de Montevideo. La puissante et éclairante beauté du paysage qui s’ouvre à lui sur cette route est l’écho de l’intensité de son désir pour Seba et la certitude qu’il ne doit pas perdre cet amour naissant et prometteur.

Le réalisateur a un style empreint d’équilibre. Il y a une grande cohérence entre les dialogues qui émaillent le développement du récit. La justesse dans le choix des moments musicaux, concourt  à l’émergence d’une alchimie qui déploie une poésie apaisée mais riches de soyeuses voluptés.

Des chansons ponctuent les plans sans dialogues pour en exprimer les non-dits.

Cette bande sonore provient de la scène musicale indépendante, tant latino (comme celle du groupe Sinatras avec le titre « Nubes », Buceo invisible pour le titre « Irreal ») ou Anglo-saxonne (avec le groupe Cocoon et la composition « Take off » ou Electric Kool-Aid pour le titre « Pisco » ou encore Kevin Johansen pour « I don’t know » dont la tonalité sonne très Léonard Cohen).

Vous l’avez compris, ce film est à découvrir et à aimer !

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le 30 oct. 2023

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